Gaza toujours.

Yallah Gaza. Roland Nurier, 2022, 101 minutes.

Gaza sera-elle un jour – prochain – entièrement détruite ? Dans le film de Roland Nurier elle est encore debout. Blessée, mais vivante. Et ses habitants peuvent encore espérer vivre un jour en paix. Même si la paix – la vraie paix, la paix définitive – semble de plus en plus s’éloigner au fil du temps.

Comme dans son précédent film, Le Char et l’olivier, consacré à l’histoire de la Palestine, Roland Nurier convoque d’abord des experts, des historiens surtout, français et américains, mais aussi des habitants de Gaza, ou ceux qui l’ont connue de l’intérieur, des Palestiniens en premier lieu, mais aussi des Israéliens, ceux qui contestent et refusent la politique d’occupation menée par leur pays. Comme la politique d’apartheid qui sévit en Israël vis-à-vis des arabes et particulièrement des Palestiniens. Tous leurs propos nous apportent des éléments de connaissance qui nous permettent de mieux comprendre pourquoi on en est arrivé à ce blocage et la disparition des espoirs suscités par les accords d’Oslo. On est si loin aujourd’hui de la poignée de main entre Béguin et Arafat. On est si loin de l’idée d’un Etat Palestinien. C’est plutôt la perspective du grand Israël qui est en marche.

Ces rappels historiques que nous propose donc le film visent donc essentiellement à rétablir la vérité des faits, au-delà des imprécisions et des contre-vérité propagées par bien des médias dans la ligne direct de la propagande israélienne. Comme par exemple celle qui affirme que les Palestiniens n’ont pas été expulsés de chez eux, ils sont partis d’eux-mêmes. Réécrire l’histoire a toujours été une arme idéologique !

Film de connaissance, Yallah Gaza est aussi un film de résilience. Lors des marches du retour – des manifestations qui se voulaient pacifiques- les snipers israéliens utilisent des balles réelles contre les jeunes palestiniens, visant particulièrement les jambes, occasionnant de nombreuses amputations, ce qui n’empêche pas ces jeunes de jouer au foot sur leurs béquilles. Tout au long du film, nous retrouvons ces danseurs et danseuses, habillé.e.s de noir dans les ruines des immeubles détruits par les bombes, mais luttant pour préserver leurs traditions. Comme aussi ce street artist réalisant une œuvre porteuse d’espoir. Gaza a toujours su préserver sa culture. Son université, au moment de la réalisation du film, reste des plus actives. Jusqu’à quand cette réalité restera-t-elle vivante ? Car ce que veut montrer le film, c’est que Gaza souffre, étouffée par le blocus imposé par Israël. Le film ne cherche pas à prédire l’avenir et ne propose pas de solution. On a plutôt l’impression en le voyant que toutes les propositions de résolution du problème palestinien qui ont pu être formulées sont soit tombées dans l’oubli soit devenues obsolètes. Gaza, une cocotte-minute où la pression de plus en plus forte ne pouvait que conduire à l’explosion.

Yallah Gaza est un film résolument engagé du côté palestinien. Doit-on le lui reprocher. Il ne cache pas son engagement. En cela il se présente ouvertement comme un film militant. Pourquoi alors devrait-il nécessairement présenter le pour et le contre et essayer de se situer des deux côté de la barrière, au risque de ne favoriser que des confusions ?

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Par jean pierre Carrier

Auteur du DICTIONNAIRE DU CINEMA DOCUMENTAIRE éditions Vendémiaire mars 2016. jpcag.carrier@wanadoo.fr 06 40 13 87 83

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