Portraits fantômes. Kleber Mendonça Filho, Brésil, 2023, 93 minutes.
Le portrait d’une ville. La ville natale du cinéaste. Celle où il a toujours vécu. Une ville où il a ses souvenirs. Ceux de sa jeunesse en particulier. Une ville qu’il aime donc tout particulièrement. Et à laquelle il rend hommage.

Cette ville a bien changé bien sûr. En particulier le centre-ville. Ce que Mendonça Filho retient plus particulièrement de ces changements, c’est la disparition de tant de salles de cinéma, ces salles où naquit avec sa cinéphilie son désir de faire du cinéma après avoir été critique.

Le film qu’il consacre donc à Récife -quelques années après cette fiction, Les Bruits de Récife, qui l’a fait connaître au public européen – a une forte coloration autobiographique. Mendonça Filho filme sa maison, son quartier, sa famille, ses voisins. Parmi toutes les archives qu’il utilise pour cela, figurent de nombreuses archives personnelles et familiales, de petites vidéos du passé et des photos qui composent sa saga familiale. Du coup, le film sent bon la nostalgie. Mais il ne va pas jusqu’à faire le procès du présent sous prétexte que « c’était mieux avant ». Le film évoque avec plaisir le passé, mais pas sous le registre du regret.

Ici, la ville est filmée avec beaucoup d’éclat. Mendonça Filho évite tout ce qui pourrait faire sale, sordide ou dégradé. On est loin d’une vision catastrophe que poursuit beaucoup de villes du brésil et d’Amérique latine. Récife a un côté touristique, tranquille, paisible. Une ville où il fait bon vivre en somme, où l’on peut savourer sereinement les plaisirs de la plage. On a l’impression que rien, même pas la circulation automobile, ne peut venir troubler cette paix. Et c’est bien sûr ce qui fait tout le charme de ce Portraits fantômes. D’autant plus qu’il donne vraiment envie d’aller au cinéma, de préférence dans de petites salles de quartier plutôt que dans de grands complexes où les fauteuils sont tous imprégnés de l’odeur du popcorn. A Recife il reste au moins une salle qui échappe à ce funeste modèle. Espérons que ce soit le cas de toutes les villes.
