Toutes pour une

Todas por uma. Jeanne Dosse, Brésil, 2022, 98 minutes.

Une troupe de théâtre brésilienne composée exclusivement de femmes, fait appel à Ariane Mnouchkine, la mondialement connue fondatrice du Théâtre du Soleil, pour les aider à monter leur spectacle, une comédie musicale centrée sur une problématique féminine.

 Un travail de femme, parlant des femmes, s’adressant donc en priorité aux femmes.

Le film suit une double piste. L’une est centrée sur ces actrices-chanteuses. Qui sont-elles ? D’où viennent-elles ? Que poursuivent-elles dans cet investissement théâtral, qui est aussi -et peut-être surtout – un engagement féministe. Mais en second lieu le film est une véritable leçon de théâtre. Comment Mnouchkine se positionne-t-elle par rapport à ces femmes qu’elle ne connaît pas. Comment peut-elle les aider, les guider, les former ? A-t-elle une méthode particulière ? Et à quel résultat peut-elle prétendre parvenir.

Le travail de Mnouchkine se présente d’abord comme fondamentalement professionnel. Son niveau d’exigence est sans concession. D’où des interventions qui peuvent paraître dures. Ses remarques sont le plus souvent des critiques. Mais elle pratique beaucoup la valorisation des efforts des chanteuses. Leurs chants sont souvent d’une grande beauté et véhiculent beaucoup d’émotion. Il est vrai que cela est dû aussi à leur contenu.

Car il s’agit d’un spectacle engagé, dénonçant le patriarcat dominant dans la société brésilienne. Le titre du film est alors parfaitement adéquat avec le contenu de la pièce. Le théâtre ici est essentiellement un travail collectif, où chacune de ces femmes se met au service des autres. Et c’est cela aussi que Mnouchkine est venu leur apporter et qu’elle s’efforce de faire mettre en œuvre, dans la distribution des rôles principalement. Un sens du collectif qui dépasse tout individualisme. Leur chant devient alors un hymne à l’entraide et à la solidarité.

Dans ce contexte, Mnouchkine ne peut que jouir d’un préjugé positif. Sa notoriété n’a aucun besoin d’un surplus de valeur qu’un tel chalenge peut lui apporter. Mais il est clair qu’elle n’est pas venue ici pour cela. Et si le film se focalise souvent sur ses interventions, il n’oublie pas pour autant de se placer aux côtés des femmes de la troupe et de leurs problèmes qui pour être d’abord des problèmes personnels ont aussi une signification universelle. Un film donc qui, au-delà de son intérêt théâtral, a aussi une portée dans le combat des femmes pour leur émancipation.

Festival International du Film d’Éducation. Évreux. 2023.

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Par jean pierre Carrier

Auteur du DICTIONNAIRE DU CINEMA DOCUMENTAIRE éditions Vendémiaire mars 2016. jpcag.carrier@wanadoo.fr 06 40 13 87 83

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