Rwanda génocide

Une des mille collines. Bernard Bellefroid, Belgique-France, 2023, 81 minutes.

Peut-on comprendre le génocide rwandais de 1994 ? Peut-on tenter de l’expliquer ?  Bernard Bellefroid a répondu positivement à cette question, ce qui demande pas mal de courage.

Il lui fallut revenir sur les lieux de l’horreur, retrouver des témoins, ceux qui n’ont rien vu, rien voulu voir, ceux qui ont vu mais qui n’ont rien fait, et tous ceux qui ont été acteurs, qui sont encore présents dans les villages, même s’ils sont reconnus coupables, plus coupable que les autres, que tous les autres.

Oui le cinéma demande du courage parce qu’un film « vrai » sur un génocide ne peut que bousculer le spectateur, remettre en cause sa quiétude. Oui le Rwanda est loin, le génocide c’est du passé. Mais le cinéma est là pour nous rappeler les faits et pour dire qu’il n’est pas possible d’oublier, qu’il est impératif de ne pas oublier.

 Le Rwanda, le pays aux 1000 collines. Elles ont toutes étaient le théâtre de crimes horribles pendant le génocide. Une seule de ces collines vaut alors pour toutes les autres collines. Et 3 enfants assassinés au nom de tous les enfants assassinés.

Le film retrace donc une histoire particulière dans l’histoire générale du génocide rwandais. L’histoire de Fiacre, Fidéline et Olivier ( 4, 5 et 9 ans), 3 enfants innocents de tout sauf d’être nés Tutsis. Ils ont survécu un temps au meurtre de leurs parents. Pouvaient ils échapper au massacre ? Pouvaient-ils se cacher ou être épargnés par ceux pour qui donner la mort est devenu un acte banal, quotidien ?

Le film retrace avec une extrême précision les mécanismes du génocide depuis la propagande faisant des Tutsis des serpents dont il faut se débarrasser jusqu’à l’acte même de tuer devenu acceptable par tous les témoins. Le cinéaste retrouve ces témoins, la gardienne des enfants, la voisine…  Certains ont, un temps essayé de cacher les enfants. Alors, pourquoi n’ont-ils pas réussi à les sauver ? Pourquoi ont-ils été assassinés aux vues de tous ?

La seconde partie du film est consacrée au procès des génocidaires reconnus coupables, les procès « Gacaca ». Faut-il oublier ? Faut-il pardonner ? Comment est-il possible de vivre ensemble à niveau ? La réconciliation peut-elle être effective ? Beaucoup de questions. Peu de réponses

Reste un film fort, très fort. Pour que les enfants Fiacre, Fidéline et Olivier, tous les enfants des Tutsis, ne soit pas effacés de l’histoire.

FIPADOC 2024 Biarritz.

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Par jean pierre Carrier

Auteur du DICTIONNAIRE DU CINEMA DOCUMENTAIRE éditions Vendémiaire mars 2016. jpcag.carrier@wanadoo.fr 06 40 13 87 83

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