America. Giacomo Abbruzzese, Italie, 2021, 59 minutes.
Le grand-père d’Amérique, Claudio, Giacomo ne l’a pas connu. Un homme entouré de mystère. Pourquoi a-t-il quitté sa famille, sa femme et ses 3 enfants, et comment est-il mort ? Ça aussi c’est un mystère. Faisait-il partie de la mafia ? Des mystères que Giacomo voudrait bien finir par éclaircir.
Le film que Giacomo Abbruzzese consacre à son grand-père inconnu va donc prendre la forme d’une enquête. Elle commence par l’exploration des archives familiales, vidéos de vacances lors des retours de Claudio en Italie pour de courts séjours, et photos en tout genre, toutes commentées par les membres de la famille. Mais ceux-ci ne savent pas grand-chose, ou ne veulent pas savoir. Aussi le cinéaste n’a pas d’autre choix que de se rendre à New York sur les traces de cet immigré qui ne fera pas vraiment fortune dans ce paradis et qui y perdra sa vie.
America est un film qui a une double dimension historique. D’un côté il touche à l’histoire de l’immigration en Amérique. Il prend en compte le « rêve américain » cette illusion qui consiste à croire que là-bas faire fortune est facile et donc immédiat. Il montre tout simplement que la réalité ne correspond pas toujours aux espérances. La vie du grand-père du cinéaste n’est certes pas une plongée dans la misère. Il a une nouvelle compagne dont il aura un fils. Mais le meurtre dont il est victime en dit long sur l’insécurité et les menaces qui impactent la vie des immigrés à New York.
D’autre part, le film est une histoire familiale, un regard sur les relations intime s dans une famille italienne marquée par l’abandon d’un père pris au piège du rêve américain. Mettre en scène la relation entre ces 2 directions historiques est l’objectif fondamental du film. Il le fait avec des moyens diversifiés, le traditionnel recours aux archives familiales, notamment les photos. Mais aussi avec des moyens plus originaux. L’enquête sur le terrain en particulier, et surtout le compte-rendu de ses découvertes que le cinéaste fait régulièrement depuis New York à sa famille restée en Italie, en utilisant les moyens d’aujourd’hui : la vision-conférence sur Skype.
Le film renouvelle ainsi l’approche de l’histoire des migrations. Mais aussi le récit familial. Il nous montre clairement qu’une visée autobiographique se doit de s’inscrire dans un contexte familial, ce qui est évident, mais aussi de développer une perspective sociale et historique ce qui est plus complexe
