Duo. Litsa Boudalika. 1991, 26 minutes.
Une correspondance entre deux jeunes filles, l’une de 12 ans et l’autre de 13. Rien que de très banal. Sauf que l’une est Israélienne et l’autre Palestinienne. Pendant deux ans elles vont correspondre, échanger leur ressenti dans cette situation de guerre perpétuelle qu’on a pris l’habitude d’appeler le conflit israélo-palestinien. Qu’en comprennent-elles vraiment, et comment perçoivent-elles l’autre, celle qui doit bien lui ressembler, mais qui est de l’autre côté ? Bien des incompréhensions, des préjugés, certainement liés à leur appartenance sociale et politique. Mais malgré tout elles continuent à correspondre, à échanger des lettres, pendant deux ans.


Cette correspondance, bien improbable bien sûr, est une approche particulièrement fine du vécu d’enfants dans la guerre interminable du Moyen-Orient. Au début elles n’en comprennent pas vraiment les causes. Elles expriment donc les idées et croyances spécifiques de leur milieu respectif. Chacune est attachée à son pays, à sa terre, une terre qu’elles affirment appartenant à leur communauté, à leur pays, sans que cela puisse être remis en cause. Pour l’Israélienne La Palestine a toujours été un territoire juif. Pour la Palestinienne les juifs ont chassé les Palestiniens de leur terre, de leurs maisons. Des positions évidemment irréconciliables. Pourtant au fil du temps les deux jeunes filles, en essayant de comprendre la position de l’autre, finissent par se rapprocher, au point de vouloir se rencontrer et se connaître vraiment. Un chemin qui a été long et rempli d’hésitations, d’incompréhensions. La rupture n’était jamais loin, toujours possible parce qu’elle est dans l’ordre des choses. Et pourtant, sans médiation apparente – les parents sont absents du film – elles ont surmonté toutes les difficultés.


Duo a été diffusé à la télé dans Envoyé spécial, comme un reportage. Mais ce n’est pas un reportage. C’est un véritable film, qui repose sur un véritable dispositif filmique. Un film dans lequel le traitement des images, mélangeant noir et blanc et couleur, a un grand pouvoir émotionnel. Un film où la correspondance écrite peut effectuer presque des miracles. Les 2 jeunes filles ont chacune leur douleur, leur colère. L’une les souffrances de l’occupation. L’autre, la peur incessante des attentats. Mais c’est peut-être ce vécu commun qui finit par les rapprocher, chacune finissant par comprendre que l’autre aussi souffre. En fin de compte, c’est leur aspiration commune à la paix qui les réunit.

Duo est un film court, 26 minutes. Mais il montre pourtant clairement tout le tragique du conflit entre Israël et les Palestiniens. Un film dont le visionnage serait aujourd’hui une aide précieuse pour comprendre, ne serait-ce qu’un peu, les difficultés de la paix au Moyen-Orient et qui pourrait malgré tout nous donner les dernières raisons d’espérer.
