Ma cousine lointaine, Litsa Boudalika, États-Unis, France, Israël, Belgique, 1999, 53 minutes.
En 1991 Litsa Boudalika organisait une correspondance entre 2 adolescentes, une Israélienne, l’autre Palestinienne. Le film qui rendait compte de ce projet, Duo, se terminait par une rencontre physique entre les 2 jeunes filles, après avoir pendant 2 ans suivi leurs échanges sur la situation qu’elles vivaient dans ce Moyen-Orient en guerre.
Que sont-elles devenues, que vivent ils vivent elles maintenant, en 1999, maintenant qu’elles ont quitté l’adolescence, qu’elles se sont mariées, qu’elles ont eu des enfants et qu’elles travaillent. Peuvent-elles encore correspondre, se rencontrer, être amies comme elle le rêvait naïvement à la fin de leur enfance. Leur vision du monde a-t-elle changée ?
Un projet cinématographique audacieux, riche en enseignements sur la situation politique de ces deux pays qui pourraient vivre en pays – qui le devrait – et quelles sont les répercussions des conflits interminables sur le vécu des civils des deux camps ?
Le second film, Ma cousine lointaine, systématise le montage alterné. Alternance des deux personnages. On passe sans cesse de l’une à l’autre, chacune filmée dans leur intimité. Peut-on appréhender la similitude de leur situation, de leur vécu, de leur ressenti ? Ou bien est-on plutôt sensible à leurs différences, à tous ce qui les oppose ? Elles sont séparées physiquement par 10 km, mais la vie ne tend-elle pas à les éloigner l’une de l’autre de plus en plus ?
Alternance ensuite entre le passé et le présent du tournage, entre 2 films qui se suivent dans le temps qui se questionnent, qui se répondent. Une approche du temps qui passe bien sûr, mais ce n’est pas qu’un artifice cinématographique, c’est une vision de l’histoire qui est en jeu, des fragments de vécu qui ont une véritable portée politique et historique.
Et puis, puisqu’on est dans la confrontation, le film nous offre un fascinant mélange entre noir et blanc et couleurs. Des images en noir et blanc se colorisent subitement, en totalité ou en partie seulement. On est dans un véritable voyage visuel qui colle parfaitement au propos du film. Rarement cinéaste aura avec autant de pertinence maîtrisé le colorisme de l’image filmique. Raison de plus d’espérer que ce film puisse être à nouveau accessible à tous.
