Eh bien jouez maintenant. Karim Bey, Belgique, 2024, 60 minutes.
Être acteur, c’est quoi ? Ça veut dire quoi ? Et comment ça se vie ? Un métier, oui. Mais pas comme les autres. Car, dans quel autre métier doit-on repasser un entretien d’embauche tous les 15 jours ? Et pourtant, enchaîner les casting – parfois plusieurs par jour. Enchaîner les refus – toujours décevant – surtout quand le rôle fait terriblement envie. Faut être particulièrement fort pour résister, pour continuer, pour survivre.
Karim Bey filme deux acteurs et une actrice. Pierre, Olivier et Myriem. Pas vraiment connus du grand public. Malgré une déjà longue carrière derrière eux. Dans le théâtre, le cinéma, les séries tv. Un film qui est pour eux l’occasion d’une interrogation sur ce métier, et sur la façon dont ils le vivent
Un film choral donc, qui passe rapidement de l’un, de l’une, à l’autre. Qui enregistre rapidement leur parole. Parfois sans nous laisser le temps de digérer ce qu’ils disent. La signification, l’importance de ce qu’ils disent. Mais dans le fond, ils disent tous les trois la même chose. Ils ont, malgré des personnalités fortes – et bien différentes l’une de l’autre – la même vision du métier, la même passion du jeu d’acteur, les mêmes enthousiasmes, les mêmes déceptions.
Acteurs, ils le sont pleinement, ils le vivent pleinement. Pourtant, il y a souvent de quoi être découragé. Après tant de refus, tant d’illusions. Et un salaire qui n’en finit pas de baisser dans ce paysage audiovisuel qui n’en finit pas de changer avec l’arrivée et le développement des plateformes par exemple, et le changement de comportement des spectateurs. Leur vie, un mélange de galères, d’échecs, mais aussi d’espoirs.
Au fil des interventions, c’est le portait de l’acteur qui se dessine. Être acteur, c’est faire semblant, c’est être quelqu’un d’autre, selon une représentation banale. Mais c’est aussi savoir poser le masque, pour être soi-même, au fond. Le talent, ça existe surement, mais ça ne suffit pas. Il faut aussi travailler, sans jamais renoncer, malgré les promesses non tenues, qui sont le plus courant du milieu.
Il y a dans ces paroles, beaucoup de bon sens, et beaucoup de sincérité. Certes, parfois on a l’impression qu’ils ne font que jouer. Mais c’est toujours leur propre rôle, et là ils travaillent avec leurs propres émotions, et non pas avec celles des autres.
Le film nous les rend donc particulièrement attachants. Ils sont souvent filmés dans leur intimité, la cuisine d’Olivier, le salon de Pierre qui est un vrai décor de cinéma. Myriem elle est souvent filmée en plan rapproché – ou même en gros plan – sur fond noir. Façon de mieux mettre en évidence les nuances de son visage. Un montage vif et précis, un tournage d’une grande diversité, avec ses extraits de films, de situations de tournage et de casting. Bref, l’ensemble du film peut se résumer dans la dernière formule prononcer par nos trois acteurs : « c’est ça le cinéma ».
