Duo de peintres

Bacon et Freud, face à face. France, 2023, 52 minutes.

L’œuvre de Catherine Aventurier est presque entièrement – l’exception étant un film sur Virginia Woolf – composée de film sur la peinture. Mais la peinture y est systématiquement présentée sous un angle original, soit à travers l’amitié de deux artistes, soit à travers l’amour d’un couple.

Ainsi en est-il de Francis Bacon et Lucian Freud. Mais aussi de Yves Klein et Armand, Modigliani et Soutine, Aristide Maillol et Dina Vierny, Maurice Utrillo et Suzanne Valadon pour le côté amitié (celle très particulière d’une mère et son fils dans le dernier cas cité) et lorsqu’il s’agit d’un couple amoureux, Vassily Kandinsky et Gabriele Münter, Pierre et Marthe Bonnard, Edward et Jo Hopper, Niki de Saint Phalle et Jean Tinguely, Nadia et Fernand Léger, Edgar Degas et Mary Cassatt, Frida Kahlo, Diego Rivera. Une œuvre particulièrement homogène, tout entière consacrée à la beauté d’œuvres picturales modernes et contemporaines.

Ainsi en est-il de la rencontre et de la longue amitié qui lie Francis Bacon et Lucian Freud. Les images d’archives pour nous les présentes à Londres dans des clubs où ils se retrouvent pour boire et discuter ensemble au milieu d’une foule de noctambules dont ils réussissent à s’extraire.

Comment cette amitié se répercute-t-elle dans les œuvres picturales des deux protagonistes ? Peut-on parler d’influence réciproque ?

On connaît les portraits de Bacon réalisés par Freud et les triptyques de Bacon mettant en peinture Freud. Des œuvres qui se répondent assurément, mais chacun des artistes garde évidemment sa spécificité.

Le film de Catherine Aventurier nous nous donne à voire d’étonnantes et inestimable séquences filmiques qui nous permettent d’approcher la personnalité des deux peintres. Bacon apparaît ainsi comme bon vivant plein d’entrain et plutôt provocateur. Freud lui est plus réservé, peut-être plus introverti. Leur amitié ne fut certes pas sans accroc. Ils s’entendaient certainement. Ils se comprenaient. Mais il y avait aussi entre eux une rivalité sourde, peut-être de la jalousie. Pendant les trente ans que dura leur relation ; les oppositions n’apparaissent pas vraiment au grand jour. Mais elles finiront par éclater. La rupture était devenue inévitable.

 Catherine Aventurier film avec une grande précision les tableaux des deux peintres. Son film est ainsi une sorte de cours d’esthétique, basé plus sur le plaisir de la contemplation que sur la froideur de l’analyse. Les intervenants, des proches des artistes, sont fort éclairantes et de très utiles compléments aux images des archives.

 Catherine Aventurier a-t-elle encore en réserve quelques idées de duos d’artistes ? Si c’est le cas, nous les attendons avec impatience.  

Fipadoc 2025. Panorama de la création francophone.

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Par jean pierre Carrier

Auteur du DICTIONNAIRE DU CINEMA DOCUMENTAIRE éditions Vendémiaire mars 2016. jpcag.carrier@wanadoo.fr 06 40 13 87 83

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