A la recherche du frère disparu

Espoir voyage. Michel K. Zongo, Burkina Faso, France, 2011, 81 minutes.

Une histoire de famille, une approche de l’Afrique, l’histoire d’une migration, un road movie ? Tout cela dans un même film. C’est dire sa complexité.

Michel part à la recherche de son frère aîné, Joanny. Du moins, il part à la recherche des causes et des circonstances de sa mort. Parce qu’il vient d’apprendre son décès. Et cela l’a décidé d’entreprendre ce voyage, cette recherche.

Joanny est parti de chez lui, du Burkina Faso, pour la Côte d’Ivoire, il y a 18 ans. Une émigration qui est dans son pays presque une obligation pour les jeunes. Un départ qui est devenu rituel. Un rite de passage vers l’âge adulte. Un départ qui appelle un retour. Sauf que Johnny, lui, n’est jamais revenu. En 18 ans, il n’a jamais donné de nouvelles non plus.

Le film commence par un message de la mère à son fils parti et qui n’est jamais revenu, un message enregistré par le frère cinéaste, un message qui l’oblige à partir sur les traces du disparu, au cas où il serait encore vivant.

Michel Zongo film donc le voyage du Burkina Faso jusqu’en Côte d’Ivoire. Un voyage long. Plusieurs jours de et plusieurs nuits, en bus, sur des routes pas toujours goudronnées, dans des bus pas toujours confortables. Aux arrêts, on fait des rencontres, on raconte des histoires. Et puis après la frontière, il faut rassembler des indices. Retrouver le trajet effectué par le frère. De plantation de cacao en plantation de café, de village en village.

Le film décrit la vie de ses immigrés burkinabés. Le travail souvent dur et harassant, la communauté des travailleurs, une vision de l’Afrique qui ne manque pas d’originalité. De la Côte d’Ivoire, on a plutôt souvent l’image de la misère, de la difficulté de plus en plus grande pour subvenir aux besoins familiaux, avec les revenus de la pêche par exemple, le poisson devenant de plus en plus rare dans la mesure où les gros chalutiers chinois en particulier, viennent piller les fonds marins. Ici, on est à l’intérieur des terres, dans des plantations où le travail donne l’espoir de pouvoir un jour revenir au pays.

Espoir voyage est une enquête sur les conditions de cette migration intérieure à l’Afrique. Avec beaucoup de persévérance, Michel retrouve les lieux où son frère a vécu et travaillé. Il rencontre ceux qui l’ont connu. Se dessine ainsi le portrait d’un homme fort, courageux, travailleur. Sa mort a été brutale, surprenante, mais sa mémoire est toujours vive dans son village. De quoi satisfaire la quête de son frère.

Espoir voyage est un film africain, réalisé par un Africain sur l’Afrique. Une Afrique profonde, bien réelle, bien vivante. On n’y parle pas du passé, de la colonisation, mais on n’y parle pas non plus de l’avenir, de l’impossible développement. Au Burkina. On ne part pas pour l’Europe. L’espoir est incarné par le travail en Côte d’Ivoire et la perspective de revenir la tête haute.