Combattre l’homophobie.

Devenir. François Zabaleta, 2025, 79 minutes

Une histoire de l’homosexualité. À travers l’autobiographie d’un homosexuel, une vie qui a valeur d’exemple. Les représentations sociales de l’homosexualité. Un vécu qui serait presque universel, au-delà des classes sociales, au-delà des époques. La mise à l’index, le rejet, l’incompréhension, la condamnation, pas seulement juridique, même si la loi aujourd’hui a fini par évoluer. Mais pas dans tous les pays. En un mot, l’homophobie sous toutes ses formes, jusqu’à la violence, les agressions qui reviennent à l’image de façon obsédante.

 Une histoire de l’homophobie, donc. Le film est construit à partir de cinq souvenirs personnels qui s’enchaînent, depuis la petite enfance jusqu’à l’âge adulte. Un déroulement sans surprise que tous les homosexuels ont pu connaître, même si on espère que les plus jeunes vont y échapper. Et que de plus en plus de femmes et d’hommes y échapperont.

Chaque épisode, chaque souvenir, peut être caractérisé par un titre. La réprobation familiale, les insultes avec son vocabulaire infini, la tentative de suicide, la réforme de l’armée, la vie de couple.

Il ne faudrait pas oublier que cette histoire de l’homophobie est un film de Françoise Zabaleta. Un film où l’on retrouve tous les ingrédients de l’œuvre de ce cinéaste original. Et particulièrement personnelle.

D’abord, bien sûr, on y retrouve sa propre image. Une image parfois un peu floue, ou brouillée. Mais toujours identifiable. Plus qu’une signature, la revendication du statut d’auteur

Ce que rien ne vient infirmer dans l’ensemble du film. Car la voix off – toujours aussi monotone et sans aspiration aucune – est bien celle de cet auteur qui parle de lui-même avec une franchise que l’on tend à croire inégalable. Une signature donc tout aussi percutante que celle contenue dans les images. La consécration du cinéma, n’est-ce pas lorsque l’on reconnaît aussi le cinéaste les yeux fermés ?

Pourtant, rien n’est fait pour que n’oublie les images, bien au contraire, tant elles sont travaillées. Le noir et blanc habituel tourne de plus en plus vers le noir. Le cinéma de Zabaleta trouve-t-il son inspiration dans Soulage. Les superpositions, les flous, les transparences, les recoupements et autres recouvrements foisonnent. Y a-t-il seulement une image naturelle ? Une simple vision de la réalité dans tout le film ?

Dans le cinéma de Zabaleta, la dénonciation de l’homophobie n’a pourtant rien d’irréel ou de factice. La souffrance, la douleur, s’y expriment avec toute la force de la réalité.

Devenir grand, devenir adulte, devenir libre, devenir soi-même, devenir heureux.

Avatar de jean pierre Carrier

Par jean pierre Carrier

Auteur du DICTIONNAIRE DU CINEMA DOCUMENTAIRE éditions Vendémiaire mars 2016. jpcag.carrier@wanadoo.fr 06 40 13 87 83

Laisser un commentaire