Adolescence heureuse.

Ce n’est qu’un au revoir. Guillaume Brac, 2024, 63 minutes.

Ils sont beaux, joyeux. Ils se sentent libres. Bien propres sur eux. Sauf peut-être Louison avec ses dreadlocks bleues. Mais la séance de coiffure collective où sa petite cour d’amis participe à leur coupe est hautement significative. À la fin de leur année de terminale au lycée, ils changeront de vie. Ils changeront d’apparence. Ils vont se disperser l’année suivante en fonction de leur choix d’études supérieures. Que Vivront-ils alors ? Resteront-ils ami.e.s. C’est ce qui les préoccupe. Pas vraiment une angoisse existentielle. Pour se rassurer, ils évoquent l’idée que les meilleures amitiés, les plus durables sont celles qui datent du lycée.

Sont-ils déjà conformistes ? Happés par la société plutôt bourgeoise d’une petite ville de province. Ils ne fument pas. Ils ne boivent pas. Ils ne draguent pratiquement pas. Et ne flirtent même pas. Leur amitié ne se confond pas avec les sentiments amoureux. L’éveil à la passion, les premiers émois sont remis à plus tard.

Leur vie au lycée, c’est la vie de l’internat. C’est là que tout se passe, les relations sociales et leur rapport au monde adulte, à l’autorité. Une relation plutôt cool. Pas du tout conflictuelle. Lorsque 3 ou 4 filles sont surprises, la nuit, à grimer sur le mur pour rejoindre l’étage des garçons, elles obtempèrent sans protestation, seulement un peu contrariées de n’avoir pas pu mener leur projet jusqu’au bout.

Il n’y a pas dans le film d’externes, ceux qui ne partagent pas la vie du dortoir. Une vie bien réglée. Les filles au premier étage, les garçons au 2second. Mais bien sûr, cette division ne tient pas la route. Leur vie, c’est la mixité. Quoi qu’en disent les règlements.

La vie d’’une classe terminale de lycée, c’est le bac. On suit peu, relativement peu, leur préparation et leurs révisions. On retrouve un petit groupe à la sortie de l’épreuve de philo, commentant les sujets choisis. La philo, dans le film, c’est bien la matière fondamentale. Mais Guillaume Brac a la bonne idée de ne pas filmer, ou de ne pas garder dans le film, la traditionnelle scène de proclamation des résultats, avec ses pleurs et ses cris de joie.

n portrait collectif donc, plutôt qu’une suite de portraits individuels, malgré le dispositif qui consiste à donner la parole à quelque-uns.unes en off à quelques-uns ou quelques-unes de ces jeunes. Ce qui est une façon de pouvoir parler de la famille qui n’est pas présente dans l’internat, ni dans le lycée. Guillaume Brac n’a certes pas la prétention de nous parler de l’adolescence en général, mais sa vision de cette provincialité, presque une ruralité, est trop peu présente au cinéma. (On pense quand même au remarquable Adolescentes de Sébastien Lifshitz.)

Avec ce. Ce n’est qu’un au revoir, nous avons affaire à un film bien optimiste, où la seule nostalgie suffit à susciter l’émotion ?

Dans le contexte actuel, c’est plutôt bien venu.

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Par jean pierre Carrier

Auteur du DICTIONNAIRE DU CINEMA DOCUMENTAIRE éditions Vendémiaire mars 2016. jpcag.carrier@wanadoo.fr 06 40 13 87 83

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