La maison des hommes violents. Marie-Christine Gambart, 2017, 52 minutes.
Insultes de toutes sortes, bousculades, coups de pied, coups de poing, les violences faites aux femmes dans le cadre de leur couple sont nombreuses. Elles existent dans tous les milieux sociaux. Et à tous les âges. Au point de devoir, pour échapper à l’enfer qu’est devenue la vie, faire appel à la police ou la gendarmerie et donc à la justice.
Si, bien sûr. Les femmes ont besoin d’aide et de soutien, les hommes auteurs de violence ont aussi besoin qu’on les prenne en charge. D’autant plus que la justice leur impose l’éloignement de leur famille avec interdiction de contact, et une obligation de soins. Soins physiques dans le cas fréquent d’alcoolisme et surtout psychologique. Pour qu’ils commencent par reconnaître la gravité de leurs actes.
Le film de Marie-Christine Gambard est consacré à une structure unique en France au moment du tournage, offrant aux hommes violents, un accueil en attendant leur jugement. Il s’agit de leur éviter la prison. Et de leur fournir les soins nécessaires, assistance sociale, psychologue, psychiatre, pour avoir des chances de réduire, voire de supprimer, les récidives.
Nous sommes à Arras, dans le Pas-de-Calais, où le Home des Rosati offre donc un accompagnement spécialisé aux hommes violents. Le film suit au jour le jour le vécu de 6 hommes en attente de leur passage devant le tribunal. Un lieu thérapeutique et éducatif. Qui nous montre que les soins peuvent avoir une action de prévention, le but étant donc d’éviter toute récidive.
Le quotidien de leur vie dans cette maison, c’est aider aux tâches ménagères, cuisine, vaisselle. Ménage, lessive. Mais surtout de respecter les règles strictes qui encadrent les résidents. Mais l’essentiel dans ce cadre où ils restent en liberté est que ces hommes peuvent faire un travail sur eux-mêmes. Et qu’ils soient prêts à accepter les sanctions que la société par l’intermédiaire de la justice leur infligera.
Il leur est donc proposé des rencontres avec des psychologues, des participations à des groupes de parole et toutes formes de soins jugés utiles. Nous suivons le travail de ces intervenantes – ce sont surtout les femmes – jusque dans les réunions de concertation où chaque cas, avec ses progrès et ses résistances, est analysé concrètement. Et nous approchons au plus près dans des entretiens individuels, le cheminement de ces hommes, leurs difficultés à reconnaître leurs torts (leur femme ne mérite-t-elle pas ce qui leur est arrivé ? N’est-elle pas une provocatrice ?). Certains acceptent difficilement la séparation d’avec leur conjointe, refusant par exemple le divorce. Même si d’autres semblent sincères dans leurs remords.
Le film se termine par des extraits des procès, dont deux passages des réquisitoires demandant leur condamnation.
Même si cela n’est pas explicitement souligné, la reconnaissance du caractère inacceptable de la violence conjugale est une avancé très nette dans les combats féministes en général.
