Prisonniers politiques en Russie.

Politzek, les voix qui défient le kremlin. Manon Loizeau, Ekaterina Mamontova, 2025, 90 minutes.

Que la Russie de Poutine soit une dictature il n’est pas permis d’en douter. Déjà avant l’invasion de l’Ukraine, et à plus forte raison depuis, tout opposant, tous ceux qui osent critiquer Poutine et son régime sont impitoyablement poursuivis, emprisonné, condamnés à de lourdes peines. Mais les opposants ne désarment pas, même s’il faut pour cela un courage extraordinaire.

Du courage, les quatre cas particuliers que nous présente le film diffusé sur France 5 en ont à revendre. Le film, Manon Loiseau l’a réalisé avec la collaboration sur le terrain de cette opposante russe, Ekaterina Mamontova, qui ne cesse de dénoncer la répression de plus en plus systématique dans le pays. Rendre compte de ces cas concrets et donc un acte fort. Dont on espère qu’il ne restera pas lettre morte et qu’il entraînera un mouvement de protestation de plus en plus large. Malgré la peur omniprésente, comme la police. Hélas, pour l’instant, la chape de plomb qui s’abat sur le peuple russe est de plus en plus pesante.

Nous suivons donc tour à tour Oleg Orlov, célèbre membre de Mémorial, l’ONG spécialisée dans la dénonciation des crimes soviétiques et aujourd’hui de ceux de Poutine, organisation dissoute en 2022. Oleg Orlov est condamné à deux ans de prison pour avoir Critiqué la guerre en Ukraine.

Alexandra Stotchilenko elle, est arrêtée pour avoir collée des étiquettes anti-Poutine sur des produits dans un supermarché. Magnifique imagination qui lui vaudra 7 ans de prison.

Evguénia Berkovitch est une metteuse en scène de théâtre condamnée à 6 ans de prison pour ses pièces. Son sourire montre bien qu’elle n’a pas perdu l’espoir. Enfin, le cas le plus poignant sans doute, est celui d’Arseny Turbin. Arrêté à 14 ans pour ses prises de position anti-Poutine sur les réseaux sociaux et condamné à 5 ans de prison. Le film accompagne sa mère, Irina, dans sa souffrance et ses angoisses. Son récit des brutalités subies par son fils en prison est particulièrement révoltant.

La cinéaste russe a pris tous les risques pour suivre tous ces résistants. Jusque dans les prisons, jusqu’au cœur des procès. Des images d’une froideur glaçante. Dans les pas des soldats et de la police. Mais alternant avec des décharges d’émotions au plus près des proches des condamnés.

 C’est donc un film qui donne la parole à ceux qui en sont privés par le pouvoir. Et que ce pouvoir veut faire taire à tout prix. Un film de résistance indispensable.

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Par jean pierre Carrier

Auteur du DICTIONNAIRE DU CINEMA DOCUMENTAIRE éditions Vendémiaire mars 2016. jpcag.carrier@wanadoo.fr 06 40 13 87 83

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