Premières classes. Kateryna Gornostai. Ukraine, Luxembourg, Norvège, France, 2025, 125 minutes.
Malgré la guerre, les bombardements, les soldats tombés sur le front, en Ukraine, la vie continue. La vie doit continuer coûte que coûte, malgré les sirènes des alertes, malgré les bombardements. Et puis pour les enfants et les adolescents, l’école ne doit pas s’arrêter. L’éducation ne peut pas s’arrêter. Il faut que les jeunes puissent poursuivre leur vie d’écoliers, de collégiens et de lycéens. En Ukraine, la guerre n’a pas mis à bas le système scolaire.
Mais comment vivre et étudier par temps de de guerre. Comment poursuivre les apprentissages sans cesse interrompus par les alertes ? Comment garder le calme, la sérénité nécessaire aux apprentissages lorsque la peur ne peut être évitée ? La peur quotidienne dans cette guerre omniprésente ? Même loin du front. Kateryna Gornostai s’est donné pour tâche d’aller filmer les écoles et les écoliers. Aux quatre coins du pays. Tous les âges. Depuis la maternelle jusqu’aux écoles professionnelles. Pour montrer que la guerre n’empêche pas les enfants et les adolescents de grandir et de devenir un jour adulte.
Son film est donc une vaste investigation de la vie des écoles dans la totalité du pays. Leur nom sur l’écran est toujours suivi de la distance qui les sépare du front. Même éloigné ou tout proche, c’est la même réalité qui est filmée. Le dévouement des enseignants qui ne doivent pas montrer leur inquiétude, ou même leur angoisse. Et le sérieux et la responsabilité dont font preuve les élèves dès le plus jeune âge. Ne sont-ils donc plus des enfants ?
Certes, la guerre les touche tous. Dans leur être d’enfant. La guerre ne peut pas ne pas les toucher, les transformer, les mûrir ? Car la guerre en Ukraine n’est pas un jeu d’enfant.
Un film sur l’enfance donc, autant que sur la guerre, mais c’est bien quand même la guerre. qui nous bouscule, sans montrer les combats eux-mêmes. Il suffit de pénétrer dans une salle de classe dévastée par les bombes pour que tout soit dit de son absurdité et de son horreur.
La guerre en Ukraine aura été l’occasion de bien des films, mais c’est toujours les mêmes images au fond qui reviennent. Les immeubles abandonnés, brûlés, à moitié détruits, invivables.
Reste cette séquence dans une salle de classe où le travail scolaire se poursuit malgré tout, cet enfant inconsolable devant la photo en noir et blanc de son père, parmi celle des soldats tombés sur le front. La douleur de l’enfant devient insupportable.
