Il Castello indistruttibile. Danny Biancardi, Stefano La Rosa et Virginia Nardelli, Italie-France, 2025, 70 minutes.
Dans le centre de Palerme, une vieille crèche en ruine, abandonnée, délabrée, avec des trous dans les murs et des gravats sur le sol. Une aire de jeu idéale pour les enfants du quartier.
Et ils vont effectivement l’investir, se l’approprier, en faire leur jardin secret, leur cabane merveilleuse. Qu’ils vont peupler de tout leur imaginaire.
Ils vont commencer par nettoyer, balayer, enlever tous les morceaux de plâtre, des tas de cailloux, des tonnes de poussière. Puis ils vont l’aménager à leur goût, le meubler avec ce qu’ils peuvent trouver. Un vieux tapis, une table et une chaise, une image dans un cadre qu’il vont mettre au mur. Petit à petit, leur home change d’allure, devient accueillant. Et ils vont effectivement s’y sentir bien. Se sentir chez eux, dans ce monde sans parents. Presque sans conflit. Un monde serein, harmonieux.
Le monde de l’enfance idéale, donc. Le jeu y est leur réalité, la réalité. De quoi faire rêver les adultes.
Les adultes ? Ils sont absents du film en dehors de deux petites séquences. Un père qui achète dans la rue des ballons à ses enfants et un prêtre qui bénit le bâtiment et réunit les habitants du quartier. Pour débattre des possibilités nouvelles qui s’offrent à la ville. Il faut réhabiliter le bâtiment, en faire un lieu d’accueil pour tous.
Place donc aux engins de destruction d’abord, avant de reconstruire. Toute la fin du film est consacrée à la fin de l’aventure pour les enfants, le retour de l’ordre, le retour au sérieux. La vie laissée à la liberté, à la créativité de l’enfance ne peut être qu’éphémère.
On présente souvent Les films sur l’enfance comme des films « à hauteur d’enfants ». Et on pense aussitôt à l’inoubliable Récréation de claire Simon, ce monde de l’école où les adultes ont disparu. Ici, nous sommes totalement immergés dans l’enfance. Tout est fait comme si c’étaient les enfants eux-mêmes qui filmaient. N’ont-ils pas guidé les cinéastes, orienté le filmage, en leur offrant leur monde secret. Tout leur imaginaire.
Un film rare, donc précieux.
Festival International du Film d’Éducation. Évreux, 2025.
