P COMME PEPITES

Les Pépites De Xavier de Lauzanne

On ne peut qu’être admiratifs devant l’œuvre humanitaire accomplie au Cambodge  par Christian des Pallières et sa femme Marie-France. En visite à Phnom Penh, ils sont frappés, c’est-à-dire choqués, par la vision, à la limite du supportable, d’une décharge à ciel ouvert où un nombre impressionnant d’enfants, tous plus miséreux les uns que les autres, essaient de récupérer à l’aide de crochets de fer, ce qui doit pouvoir être monnayé, on ne sait trop quoi en fait, mais qui doit leur permettre de survivre. Ils décident de leur venir en aide, de les nourrir, de les laver, de les habiller et de les instruire. Ils vont alors créer une école. Le film retrace cette belle aventure, une réussite donnée comme exemplaire dans tous ses aspects.

Les Pépites est construit à partir d’une alternance entre images d’archives et images actuelles (au moment de la réalisation du film), entre passé et présent donc, c’est-à-dire entre le travail long et périlleux d’élaboration et de mise en œuvre du projet de l’école et sa glorification aujourd’hui grâce aux témoignages des enfants qui en ont bénéficié, et surtout par le regard rétrospectif que porte sur l’œuvre accomplie le couple des Pallières. Côté archives, ce sont les plans tournés dans la décharge qui dominent. Des images insupportables, des tonnes d’ordures qui dégoulinent des camions au risque d’écraser ces enfants qui se bousculent pour y avoir accès, une véritable jungle où le plus fort n’hésite pas à bousculer le plus faible. On voit la multitude de mouches qui elles aussi se précipitent sur cette « manne », on sent la puanteur ; les gros plans des visages nous montrent la crasse, la fatigue, la peur aussi ou la résignation devant un sort que rien ne semble pouvoir modifier. Des images répétées tout au long du film. Une insistance dont le but est évident, émouvoir, choquer, bousculer le spectateur dans la quiétude de la salle de cinéma. Un but qui ne peut qu’être atteint, puisqu’on emploie les gros moyens pour cela.

Les images actuelles donnent la parole au couple et aux enfants qu’ils ont « sauvés », ceux qu’ils ont adoptés. Devenus adultes, ils évoquent leur calvaire passé avec beaucoup de retenue, disent comment ils ont retrouvé l’espoir, la joie de vivre même, comme le montre bien d’ailleurs l’affiche du film. C’est de loin la partie la plus intéressante du film. Les entretiens avec Christian et sa femme sont plus conventionnels. Lui sourit toujours. Elle ne réussit pas toujours à cacher ses larmes à l’évocation des moments les plus dures de leur action. Mais bien sûr c’est l’optimisme qui domine. Un optimisme que rien ne peut remettre en cause.  Un optimisme sans doute nécessaire pour ne pas se décourager devant les difficultés et l’immensité de la tâche. Et le résultat est là. Les plans sur les portes de l’école qui s’ouvrent pour laisser passer cette foule d’enfants en uniformes immaculés sont impressionnants. Des enfants éblouissants de gaité. Et Christian au milieu d’eux répond à leur salut, lui aussi rayonnant de joie.

Oui, on ne peut qu’être admiratif devant un tel héros. Un héros filmé avec tant de sympathie qu’après tout on finit par se dire que son œuvre valait bien un film.

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Par jean pierre Carrier

Auteur du DICTIONNAIRE DU CINEMA DOCUMENTAIRE éditions Vendémiaire mars 2016. jpcag.carrier@wanadoo.fr 06 40 13 87 83

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