M COMME MEDIAS

Des films souvent critiques, dénonciateurs. Mais aussi des regards qui peuvent être empathiques, lorsque le cinéaste s’immerge totalement dans ce monde qui a toujours gardé une part de mystère et qui pour cela ne cesse de fasciner

 A la Une du New York Times (Page One: Inside the New York Times)

Film d’Andrew Ross. 2011.

le New York Times , une vénérable institution. Mais une institution en crise. Comme toute la presse écrite, menacée en particulier dans les années 2010 par Internet. Qu’elle soit elle aussi mal en point en dit long sur l’état de l’information écrite dans cette première décennie du XXI° siècle. Et des voix de plus en plus nombreuses s’élèvent pour annoncer la disparition prochaine du journal papier. Un document indispensable pour comprendre les enjeux actuels de la presse écrite et des médias d’information dans leur ensemble.

 La Maison de la radio

Film de Nicolas Philibert. 2013

Tous ceux qui supportent mieux les embouteillages et la longueur du trajet pour se rendre au travail parce qu’ils ne sont plus seuls dans leur voiture. Tous ceux qui sont accros à l’info et qui doivent savoir tout ce qui se passe dans le monde au moment même où cela se passe. Tous ceux qui meublent leur solitude avec les voix qu’il y a dans le poste. Tous ceux qui sont passionnés de musique, de sport ou de littérature. Et tous ceux qui, tout simplement, aiment les contacts humains, les découvertes, la connaissance et toute forme de loisirs. C’est à ces milliers d’auditeurs de radio, si différents les uns des autres que s’adresse le film. Même si on ne les voit jamais à l’image, ils sont bien présents à chaque plan, puisque c’est pour eux que sont faites les émissions. Le film de Nicolas Philibert nous fait découvrir l’envers du décor, les coulisses de cette grande maison qu’est la « maison ronde ». Il nous fait découvrir les couloirs et les studios, tous les studios. Il nous invite clandestinement dans les comités de rédaction du journal parlé. Il nous fait suivre les répétitions du cœur de Radio France, nous fait assister à l’enregistrement d’une pièce radiophonique, ou à l’interview d’un écrivain célèbre. Et il réussit à rendre le son photogénique.

 Les Nouveaux chiens de garde

Film de Gilles Balbastre et Yannick Kergoat, 2011.

Paul Nizan avait publié en 1932, sous le titre Les Chiens de garde, une attaque virulente des intellectuels de l’époque accusés de défendre le capitalisme et de propager l’idéologie bourgeoise. Dans Les Nouveaux Chiens de garde de Serge Halimi (1997 et 2005 pour sa réactualisation)  ce sont cette fois les hommes des médias, journalistes, animateurs et autres gens de télévision, qui font les frais du même type de critique. Les médias appartenant dans leur grande majorité aux grands patrons de l’industrie, leurs personnels les plus en vue, ceux qui peuvent avoir de l’influence sur le public, ne peuvent qu’être à leur service. Le film dénonce donc la collusion entre les journalistes et leurs patrons, qui s’entendent comme larrons en foire, ce qui ne peut que déboucher sur un mélange des genres entre information et défense des thèses néolibérales devenues dominantes dans les couches dirigeantes de la société. Ainsi, le détour par l’économie permet de mettre en évidence la soumission des médias au pouvoir politique. Un constat sans concession. . Mais peut-il, ne serait-ce qu’un peu, écorner la fascination que ce monde exerce sur le grand public ?

 Numéro 0

Film de Raymond Depardon, 1977

Un film consacré au lancement du Matin de Paris en 1977. Pendant les 10 jours qui ont précédé la sortie du numéro 1, Depardon a suivi de très près le travail de l’équipe de journalistes réunie autour de Claude Perdriel, rédacteur en chef et directeur de la publication. Le projet est clair. Il s’agit de faire un journal engagé politiquement à gauche, mais sans être l’organe officiel d’un parti, le PS en l’occurrence en cette période d’union de la gauche qui portera Mitterrand au pouvoir. Mais le projet est aussi journalistique. Faire un quotidien nouveau, proche de ses lecteurs, de leurs préoccupations concrète. Le mot d’ordre est : pas de scoop, pas de « coup », pas de scandale. Comme le dit Claude Perdriel, le vrai scandale c’est celui des inégalités sociales.

 

 

 

Par jean pierre Carrier

Auteur du DICTIONNAIRE DU CINEMA DOCUMENTAIRE éditions Vendémiaire mars 2016. jpcag.carrier@wanadoo.fr 06 40 13 87 83

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