Belinda de Marie Dumora, 2017, 1 H 47.
Comment devient-on ce que l’on est ? Comment la petite Belinda filmée à 9 ans (dans Avec ou sans toi, le premier long métrage de Marie Dumora) devient-elle l’adolescente de 16 ans que l’on retrouve dans Je voudrais aimer personne que la cinéaste consacre cette fois à sa sœur ainée Sabrina, et comment enfin (pour l’instant du moins, car rien ne dit qu’on ne la retrouvera pas plus tard, vers la quarantaine qui sait)devient-elle cette jeune femme filmée à 23 ans dans ce film, le dernier en date de Marie Dumora ? Comment Belinda devient-elle Belinda ? C’est ce parcours existentiel que retrace le film, en reprenant pour ce qui est des deux premières étapes, des images des films précédents. Mais Belinda est devenue adulte et c’est sur le temps présent du film qu’il se focalise. Un âge adulte que bien des tenants du déterminisme (social plus que religieux) pourraient dire prévisible depuis le début.
Le film propose une succession de petites touches – surtout pour l’enfance et l’adolescence de Belinda – des moments clefs de sa vie (sa séparation d’avec sa sœur placée dans une famille d’accueil alors qu’elle reste dans le foyer où elles vivaient ensemble), des événements familiaux (le baptême d’un neveu), des fragments de vie où l’on passe de l’été à l’hiver sans crier gare (une baignade dans une petite piscine de jardin, une marche sur un sentier enneigé). En tout cas nous voyons Belinda grandir, filmée souvent de très près, mais elle ne s’adresse jamais à la caméra et la cinéaste n’intervient elle non plus jamais.
A 9 ans, Belinda veut étudier la mécanique. Nous n’entendrons plus parler par la suite, ni d’étude ni d’activité professionnelle. A 16 nous apprenons que son père est en prison. Il ne peut donc être présent aux fêtes familiales. Plus tard ce sera Belinda elle-même qui sera condamné à quatre mois de prison, ce qui rendra son mariage impossible, alors que tout avait été soigneusement préparé. Elle se mariera pourtant peu après avec Thierry, son grand amour, mais le mariage se déroulera à la prison puisque c’est lui qui est alors incarcéré. La prison est ainsi l’élément récurrent du film (on comprend même en passant qu’un des frères n’y échappe pas). Avec les cigarettes et le téléphone portable.
La vie de Belinda est ponctuée par la présence ou l’absence de son amoureux, selon qu’il est dedans (en prison) ou dehors. Ensemble nous les voyons dans une longue séquence préparer leur mariage ou bien errer dans une fête foraine, parmi les attractions qu’ils regardent d’un air peu intéressé. Belinda veut absolument gagner une peluche et achète des sucreries. Lorsque Thierry est en prison (toute la fin du film) nous la suivons dans ses déplacements pour se rendre au parloir. Ou bien elle se promène sans but apparent, lisant en voix off les lettres qu’elle lui écrit. Des lettres où elle répète son amour, l’attente de sa libération, le manque et la souffrance de son absence. La tonalité de ces séquences n’a rien de particulièrement joyeux. Belinda y semble résignée, proche par moment d’un certain désespoir. Qu’est-ce qui pourrait d’ailleurs la rendre optimiste quant à son avenir ? Son désir est de vivre avec son mari dans un appartement à eux. Quand cela sera-t-il possible ? Belinda est-elle faite pour le bonheur ?
Bien lu tout ce qui concerne cette jeune femme et son histoire. As-tu aimé TOI PERSONNELLEMENT
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