R COMME REVOLUTION – des images.

Histoire de la révolution. Maxime Martinot, 2019, 30 minutes.

Est-il possible de rendre compte d’un tel film ? D’en faire une critique rationnelle ?  De se contenter d’en parler alors que ce sont les images qui nous sautent aux yeux et des suites de phrases, de slogans, d’invectives, qui nous bouchent les oreilles. Devant un tel défi, on se contentera de remarques éparses, décousues, pour une approche plus que partielle et bien sûr tout autant partiale.

Histoire de la révolution de Maxime Martinet n’est pas un film historique, une histoire telle qu’on pourrait la lire dans des manuels scolaires ou la voir dans des films révolutionnaires, qui se voudraient révolutionnaires. Et pourtant on y entendra bien des dates, des événements, des faits, des mouvements, de Spartacus au Gilet jaunes, en passant par 1789, 1848, 1917, 1968. Et toutes les autres qui constituent ce qu’on pourrait considérer comme un calendrier imaginaire, fantasmé, puisque les images nous projettent systématiquement hors du temps.

Il est bon de rappeler, comme le film le fait dès son ouverture et le refera plus en avant dans son déroulement que le mot révolution signifie aussi « retour régulier », façon de nous mettre en face de l’évidence : c’est bien la terre qui tourne autour du soleil et non l’inverse. Du coup, on aura droit à quelques instants d’échappée dans l’espace avant de retomber sur la terre, au milieu des pavés et des cocktails Molotov, des slogans et des points levés, des matraques et des gaz lacrymogènes.

Les images dont est fait le film – le flot ou le flux d’images, ou mieux, une « tempête » d’images à la van der Keuken – sont des images volées (comme le proclame le générique. Parmi bien d’autres, on entend les voix et on voit des images de Jean-Marie Straub et Danielle Huillet, Marguerite Duras, Jean-Luc Godard. Et pour ceux que l’on n’a pas le temps d’identifier sur le coup, voir le générique de fin.

Une bonne partie du film plonge dans l’actualité récente, à savoir le mouvement des Gilets Jaunes. On a droit ainsi à des images accélérées d’un carrefour. Et quelques déclarations d’un groupe de Saint-Nazaire. D’autres images sont projetées « à reculons ». Tout est fait pour ne pas laisser le spectateur indifférent. Et quand la police charge, il vaut mieux savoir courir.

Bref un film hors norme. Pratiquant systématiquement le télescopage des images et des idées. De quoi donner le tournis.  Il faut dire que c’est souvent réussi. Ici, la révolution, c’est d’abord celle des images.

Côté court 2020

Par jean pierre Carrier

Auteur du DICTIONNAIRE DU CINEMA DOCUMENTAIRE éditions Vendémiaire mars 2016. jpcag.carrier@wanadoo.fr 06 40 13 87 83

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