Resonance. Itay Marom, Israël-Allemagne, 2019, 56 minutes
La voix, quel magnifique organe, quel extraordinaire instrument. A condition de savoir s’en servir. Ce qui implique qu’il est nécessaire d’apprendre à s’en servir, et de s’en servir de mieux en mieux.

Le film de Itay Marom nous propose donc de suivre un tel apprentissage, d’en découvrir les étapes et les moyens pédagogiques mis en œuvre Et ceci dans un cours privé, en Allemagne. L’occasion de rencontrer 3 enseignants (on devrait plutôt dire formateur) et trois de leurs élèves pendant les cours particuliers qu’ils suivent. Car cette formation se fait dans une individualisation imposée par le type de travail effectué. Ces élèves sont des professionnels – ou de futurs professionnels – du chant, et ils se préparent à un examen de fin d’année qui influera sans nul doute sur leur avenir.

Nous suivons donc ce travail strictement individualisé. Même si souvent il y a un.e pianiste pour l’accompagnement, il s’agit d’un véritable face à face du maître et de son élève. On pourrait même dire qu’il s’agit d’un corps à corps, tant la dimension physique de l’apprentissage est évidente. Et pas seulement parce que la voix ne va pas sans la prise en compte de la bouche et du visage, mais aussi parce que c’est la posture du corps dans son entier – essentiel en particulier dans la respiration – qu’il faut souvent modifier, ce qui implique des contacts physiques, le professeur n’hésitant pas à toucher les joues ou le cou de son élève. Puisqu’il faut modeler la voix, cela passe par un modelage du corps.

C’est bien sûr l’exigence d’excellence qui caractérise le rapport du maître avec son élève. Ce dernier doit donc se plier à toutes les demandes du maître, suivre le plus scrupuleusement possible toutes ses indications. Reprendre donc sans cesse, à sa demande, une phrase, un fragment du chant. Une recherche continue de la perfection.
Le film réussit parfaitement à filmer ce travail de la voix, et pas seulement grâce à la bande son, mais surtout en filmant le visage – et même la bouche dans des très gros plans poussés à la limite de l’indiscrétion. Dédoublés devant le grand miroir où ils peuvent s’observer (comme dans un studio de danse), le maître et l’élève sont enfermés dans leur propre image, coupés du monde environnant. Leurs voix, qui souvent se répondent, créent alors un espace qui leur est propre, un espace où n’existe rien d’autre que l’art du chant.

Pouvoir savourer des fragments d’œuvre de Brahms, Schubert et quelques autres n’est pas le moindre intérêt de ce film. Il montre en outre clairement que la réussite ne peut être atteinte sans travail.
Festival Jean Rouch, 2020.