P COMME PARKOUR – GAZA.

One more jump. Emanuele Gerosa, Italie, 2019, 83 minutes.

Le « Gaza Parkour », un groupe de jeunes Gazaouites adeptes de ce sport particulier, le parkour, le seul qui leur soit encore possible de pratiquer dans la bande de Gaza subissant le blocus imposé par Israël. Ils s’entrainent assidument, enchaînant saut sur saut et les acrobaties qui, en les reliant, constitue de véritables chorégraphies.

Nous les suivons de dos dans leur course dans les rues étroites de la ville. Les gros plans sur les jambes et les pieds martelant le sol donnent une impression de vitesse et de force. Dans les ruines des bâtiments détruits par des bombardements, c’est l’agilité, la vélocité, qui prime. Et les contre-plongées accentuent fortement cette sensation de prouesse, défiant le danger et la pesanteur.

De ce groupe, le film va extraire deux personnages. Jehad en est en quelques sortes le chef, le dirigeant, celui qui pilote les entrainements et initie les plus jeunes. Abdallah a été le fondateur du Gaza parkour. Il en a été la figure marquante. Mais il a réussi à quitter Gaza. Nous le retrouvons en Italie, dans la banlieue de Florence où il cherche en vain du travail. Il pourra néanmoins participer en Suède à un grand concours international de parkour. Une compétition qui se soldera pour lui par un échec cuisant.

Le film s’attarde donc plus sur la vie de Jehad, dont nous suivons le quotidien, entre les séances de parkour. Il doit s’occuper de son père paralysé et aider sa mère à la cuisine. Il ne rêve que d’une chose, partir comme Abdallah. Il obtiendra un passeport et un visa, mais restera néanmoins bloqué par l’autorité israélienne. Pour lui aussi ses rêves s’effondrent face à la réalité. La réalité de l’occupation israélienne.

Cette confrontation de deux destins de jeunes Gazaouites est une façon subtile d’aborder la situation de la bande de Gaza. En dehors d’une séquence montrant les manifestations de la « marche du retour » et de leur répression, il n’y a pas à proprement parler de scènes de guerre. Pourtant la guerre est constamment présente, visible dans les ruines des bâtiments détruits et audibles dans les bruits d’avions et de drones israéliens. Jehad est souvent filmé dans des ruelles étroites, ou assis sur le pas de la porte de sa maison, face à même pas un mètre à un mur qui bouche toute vue. Les voltiges aériennes du parkour peuvent alors être perçues comme une échappée face à l’absence d’horizon causée par le mur.

PriMed 2020

Par jean pierre Carrier

Auteur du DICTIONNAIRE DU CINEMA DOCUMENTAIRE éditions Vendémiaire mars 2016. jpcag.carrier@wanadoo.fr 06 40 13 87 83

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