Objector. Molly Stuart, Etats-Unis, 2019, 75 minutes.
En Israël, tous les garçons et les filles de 18 ans doivent effectuer un service militaire de 3 ans. Même s’ils ne sont pas très nombreux, ceux qui refusent de rentrer ainsi dans l’armée existent. Atalya est l’une de ces objecteurs.

Atalya, un prénom chargé de sens. Le film débute par l’évocation de cette reine biblique, la seule reine de plein droit (qui ne soit pas l’épouse d’un roi) dans la bible. Une reine au destin tragique, puisqu’elle fut décapitée et jetée aux chiens. Était-elle une traitre ? Comme les objecteurs actuels ?

La situation de ceux qui refusent de rentrer dans l’armée est particulièrement difficile. Une grande majorité de la population les considèrent comme des traitres. Pourtant Atalya ne refuse pas de servir son pays, puisqu’elle a effectué un service civique. Ce qu’elle refuse, c’est l’occupation de la Palestine. Un engagement profond au nom des droits humains et du refus de l’apartheid.

Le film est conçu comme un compte à rebours. Six Mois, puis 3, puis 1 mois avant la date de l’incorporation d’Atalya dans l’armée. Une période que la jeune fille va mettre à profit pour analyser la position politique de son pays et surtout de tenter de mieux connaître la Palestine et les Palestiniens. Une démarche particulièrement courageuse.

Dans sa famille, tout le monde a été dans l’armée. Atalya discute tout à tour avec ses parents et son grand-père. Tous sont plutôt réticents vis-à-vis de sa démarche, étant donné les conséquences négatives, socialement parlant, de son refus. Mais peu à peu dans le film, elle sera de plus en plus comprise et soutenue. Surtout par sa mère qui s’engage ouvertement contre l’occupation en Palestine.

Et puis Atalya se rend en Cisjordanie. Elle rencontre des palestiniens qui lui présentent les conséquences de l’occupation et qui décrivent les actions menées par l’armée, comme la destruction de maisons palestiniennes et les tirs des soldats sur des manifestants.

Atalya ira jusqu’au bout de ses convictions. Elle fera 1210 jours de prison militaire. Une expérience qui la marque profondément. Bien sûr le film ne nous propose pas d’image de l’incarcération. Mais la cinéaste réalise une reconstitution, d’après les transcriptions officielles, de l’audition que passe Atalys devant le comité de conscience de l’armée israélienne. Une occasion pour elle de développer ses positions politiques et humanitaires.

Objector est un film particulièrement utile dans le contexte international actuel concernant la Palestine. En se situant du côté israélien, en montrant les objecteurs de conscience et en leur donnant la parole, il allume une petite lueur d’espoir concernant la possibilité d’une paix entre Israël et les palestiniens. D’autant plus que qu’étant une production américaine il devrait pouvoir être vu aussi aux États-Unis.
Qu’une jeune fille israélienne puisse avoir un ami palestinien avec qui elle correspond, montre que les convictions humanistes peuvent bousculer les préjugés racistes.
PriMed 2020
