Confinés dehors. Julien Goudichaud, 2020, 20 minutes.
Les Champs Elysées totalement vides. Comme les autres avenues de Paris. Comme tout Paris. Comme toute la France. Des images impressionnantes. Inoubliables. Le confinement – le premier confinement du pays – en mars 2020.
Les images du film de Julien Goudichaud resteront un souvenir – un mauvais souvenir – de cette période inédite. Comme ces applaudissements aux fenêtres, dont on sait qu’il signifie l’hommage – et les remerciements de la population aux soignants et à leur dévouement. Dans les rues, sous les fenêtres, des SDF, saluent sur un mode théâtral. Après tout, pourquoi n’auraient-ils pas droit, eux aussi, à être applaudis ?

Le confinement est de fait une période particulièrement difficile pour ceux qui vivent dans la rue et qui sont bien obligés d’y rester, jour et nuit. Ceux qui survivent en faisant la manche essaient bien d’arrêter les rares voitures qui circulent encore. Sans grand succès. Et les prostitués du bois de Boulogne gagnent tout juste de quoi payer chaque jour leur hôtel et une baguette de pain pour manger.

Dans ce Paris désert, Julien Goudichaud fait des rencontres et nous propose deux ou trois portraits de ces naufragés de la vie qui se sentent encore plus délaissés que dans des périodes dites normales. Au moins, dit la vieille dame rencontrée sur un banc devant l’Arc de Triomphe, il n’y a plus à supporter les regards en biais chargés de mépris. Et elle peut avoir le sentiment d’avoir pour elle toute seule la plus belle avenue du monde. La solitude est pourtant la même que celle ressentie au milieu d’une foule pressée, au mieux indifférente.

Cet autre SDF a un moyen bien à lui de suppléer au manque de passants. Il descend dans des bouches d’égout et récupère les pièces qui se sont égarées là. Comme pas mal de fourchettes et de couteaux sous une terrasse d’un restaurant. Nous le retrouvons dans son « chez lui », cet antre, ce trou qu’il s’est aménagé – avec la télé et tout un bric à brac de choses récupérées – dans cette cavité souterraine. Une rencontre surprenante.

Confinés dehors est un film court, qui ne dépasse pas 20 minutes.Mais il nous dit beaucoup de choses. Sur la pandémie bien sûr. Mais surtout sur la vie de ceux qui voudraient bien être confinés à l’intérieur d’un vrai logement.
FIPADOC 2021