S COMME SDF – Brésil

Les yeux ouverts. Charlotte Dafol, Brésil, 2020, 92 minutes.

Ils vendent leur journal dans toute la ville, aux terrasses des cafés et des restaurants, aux feux rouges aussi, lorsque les voitures s’arrêtent.

Le journal, Boca de rua, c’est leur gagne-pain. Un maigre revenu, mais qui leur permet de vivre. Nous sommes au Brésil, à Porto Alegre, avec un groupe de SDF.

Mais Boca de rua est plus qu’un gagne-pain. C’est une raison de vivre et un moyen de se faire accepter dans la ville, dans un contexte qui n’est pas facile, face à la violence de la rue. Comme le dit une femme, dormir seule dans la rue suppose d’avoir un couteau sous son oreiller.

Boca de rua est un journal bien particulier. Tous ceux qui le vendent en sont les auteurs. Il n’est pas question de faire appel à des journalistes extérieurs. Un Véritable travail collaboratif où sont accueillis tous ceux qui le souhaitent. Il suffit de participer aux réunions du groupe.

Nous suivons ces réunions où chacun participe donc à l’élaboration de chaque numéro du journal. Des réunions où chacun s’exprime et où tous écoutent attentivement ceux qui interviennent. Des réunions animées avec beaucoup de souplesse et d’efficacité par une femme extraordinaire, qui sans vouloir se mettre particulièrement en avant, apparait peu à peu dans le film comme la cheville ouvrière et l’âme du journal.

Si nous suivons les membres de Boca de rua lors des ventes dans la rue, nous les accompagnons aussi dans leur vie quotidienne dans la rue. Face à la caméra, ils répondent aux questions de la cinéaste. Ils évoquent leurs conditions de vie, leurs difficultés et leurs espoirs. Car aucun ne semble se décourager. Tous sont prêts à continuer à se battre. Et pour cela, le journal est un soutien irremplaçable.

Ces entretiens dessinent par petites touches des portraits très sensibles, où chacun se livre avec beaucoup de sincérité, et de lucidité sur leur situation. S’ils dénoncent les violences qu’ils subissent, ils le font sans colère, demandant simplement d’être respectés comme des êtres humains.

Boca de rua va avoir 18 ans. L’occasion de fêter tous ensemble cet anniversaire. En musique bien sûr.

Ce film est une réjouissante bouffée d’espoir.

Festival International de Films de Femmes 2021

Par jean pierre Carrier

Auteur du DICTIONNAIRE DU CINEMA DOCUMENTAIRE éditions Vendémiaire mars 2016. jpcag.carrier@wanadoo.fr 06 40 13 87 83

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