O COMME OURS

Ours. Vivianne Perelmuter, France, 2005, 43 minutes.

Malgré son titre, ce film n’est pas un film animalier, entendons tel que nous pouvons en voir sur les chaînes de télévision.

Mais ce film pourrait être un film animalier, tel que nous pouvons espérer en voir un jour à la télévision, si des cinéastes inspirés ont un jour la bonne idée de prendre l’Ours de Vivianne Perelmuter non pas comme modèle, mais comme source d’inspiration.

Un film donc qui se démarque des formes existantes et qui propose de nouvelles pistes qui ne demandent qu’à être explorées. Bref un documentaire de création qui surgit au milieu (ou à partir) des modèles dominants.

On retrouve pourtant dans Ours quelques-uns des passages obligés du documentaire animalier télévisé. La course folle d’un ours à la poursuite de sa proie par exemple. Ou la pêche dans la rivière, le déchiquetage de la chair du poisson et la bataille entre ceux qui veulent prendre part au festin. On a aussi le sentiment d’avoir déjà vu les images de l’ours blanc sur la banquise entouré de ses deux petits oursons. Sans parler de l’existence d’un commentaire off qui a par moment – mais pas toujours heureusement – un côté simplement explicatif (comme la forme des pattes de l’animal ou ses qualités olfactives)

Certes, d’autres images sont plus originales comme cette ourse léchant ses petits qui viennent juste de naître. Mais l’important n’est pas là. L’important c’est ce qui fait de ce qui fait de ce documentaire une véritable œuvre d’auteure. Et en premier lieu, bien plus que l’iconographie mobilisé, le filmage d’un lieu dans lequel se déroule une quasi-fiction.

Dès le premier plan nous sommes confrontés à des portes qui se ferment. Nous allons donc passer une nuit dans le Museum d’Histoire Naturelle, en compagnie d’une voix, stupéfiante dans sa charge émotive, celle de Michael Lonsdale (nous ne verrons pas le personnage, érudit, qu’elle incarne). Des portes filmées jalonneront d’ailleurs le film, soit qu’elles s’ouvrent ou qu’elles se ferment. Mais toujours elles indiquent un passage. Celui des différentes époques que retrace la dimension historique du film. Et celui, plus fondamental, entre le réel et l’imaginaire, puisque l’histoire de l’ours se construit ici à partir des différentes représentations qui ont pris l’animal comme référent.

C’est donc la place de l’ours dans la culture occidentale que retrace le film, depuis l’Antiquité gréco-romaine. Bien sûr cette traversée du patrimoine culturel, essentiellement judéo-chrétien, est loin d’être exhaustif, tâche impensable que la cinéaste n’a visiblement pas envisagée. Mais, comme dans bien d’autres circonstances, les manques et les absences sont plutôt des appels à l’imagination du spectateur. Pour ma part, ce film si chargé d’érudition a fait surgir en moi des images plus triviales – mais des images d’enfance. Celles de Petit Ours Brun, créé par Claude Lebrun et illustré par Danielle Bour, et du Nounours de Bonne nuit les petits. Façon de se démarquer des chasses seigneuriales du passé.

Par jean pierre Carrier

Auteur du DICTIONNAIRE DU CINEMA DOCUMENTAIRE éditions Vendémiaire mars 2016. jpcag.carrier@wanadoo.fr 06 40 13 87 83

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