California dreaming. Fabrizio Maltese. Luxembourg, 2019, 104 minutes.
Le rêve américain existe-t-il toujours ? Et qui y croit encore ? En Californie peut-être…

Dans les années 1950, de doux rêveurs avaient élaboré le projet d’une ville nouvelle au beau milieu du désert Mojave. Une ville qui devait concurrencer Los Angeles, rien que ça. Et les images de synthèse présentées dans l’incipit du film avaient effectivement de quoi séduire. Mais qui pouvait bien vouloir aller se perdre au cœur de nulle part dans ce désert de sable et de rocaille inondé de soleil ?

Le premier habitant de California City que nous rencontrons dans la ville en question, qui en 2016 ne compte pas plus de 14 000 habitants, est un québécois dénommé Jean-Paul, qui en avait marre du froid. Il deviendra le film rouge du film, nous permettant de nous plonger dans la vie de la ville et de rencontrer quelques-uns de ses habitants.

Ces habitants affirment tous aimer leur ville et la vie qu’ils ont choisi d’y mener. Mais cela ne va pas sans une bonne dose d’ambivalence. La maire, après deux mandats annonce qu’elle ne se représentera pas aux prochaines élections, même si elle déclare en même temps vouloir continuer à servir sa ville. Vic, l’ancien militaire militant gay qui organise des soirées drag show, ferme son restaurant thaï et décide de quitter la ville. Quant à Jean-Paul, l’immigré du Canada, il se demande chaque jour comment il pourra continuer à payer son loyer, sa retraite étant particulièrement réduite. Tout ceci finit par donner au film une tonalité plutôt nostalgique et tranche avec le dynamisme et le plaisir de vivre qui s’exprime dans les nombreuses fêtes et manifestations ludiques qui ponctuent la vie de California City.

Le filmage de la ville et de ses environs va tout à fait dans le même sens. Les plans d’ensemble, réalisés par des drones et dans lesquels il n(y a pratiquement pas de mouvement et de vie, suscitent malgré leur beauté une grande tristesse que renforcent les lourds nuages noirs qui surplombent le désert.

Décidément, le rêve d’une vie nouvelle débarrassée des contraintes et des nuisances des mégalopoles californienne -entendons Los Angeles – tout en gardant les commodités urbaines d’une vielle à dimension humaine, a pas mal de plomb dans l’aile. Si la désillusion devient ainsi dominante à California City, n’est-ce pas le signe que le rêve américain lui-même ne fait plus rêver.
