Les Echappées. Katia Jarjoura, 2022, 77 minutes.
Cinq femmes, cinq artistes syriennes qui ont fui leur pays en guerre. Cinq femmes qui se sont réfugiées en Europe, aux quatre coins de l’Europe, Paris, Palma, Berlin, Oslo, Istamboul.

Cinq artistes qui continuent à pratiquer leur art, musique, danse, arts plastiques. Pour ne pas oublier leur pays. Pour garder un lien avec leur pays. Pour survivre dans leur nouvelle vie. Pour se réconcilier avec le passé. Et le futur. L’art comme thérapie.

Leur pays, la Syrie, elles ne l’oublient pas. Elles l’ont quitté contraintes et forcées. Par la guerre. Elles savent maintenant qu’elles ont entrepris une nouvelle vie qu’elles n’y reviendront pas.

Le souvenir de la Syrie, c’est le souvenir de la révolution, de cet immense espoir de liberté. Le film est jalonné des images des manifestations. Mais aussi des images de la guerre, les avions qui lâchent leurs bombes au-dessus des villes, les explosions dans des jaillissement de feu. Et les images de destructions, dès l’incipit, mais qui seront bien présentes tout au long du film lui-même. Et pourtant…

Pourtant, le film est un splendide hymne à la vie, à la beauté de la vie. Grâce à l’art. Grâce à la beauté de l’art qui transparaît à chaque plan du film. Mais même artistique, l’exil reste un exil, une déchirure, une perte, une souffrance.

Le film de Katia Jarjoura est un film choral, qui met clairement en évidence tout l’intérêt que peut avoir ce genre de dispositif. Il ne présente pas des portraits successifs de ses cinq personnages. Il nous les montre, non pas dans les mêmes plans – elles vivent très éloignées les unes des autres et ne se connaissent pas – mais dans une mosaïque où elles se fondent en un tout, la vie d’exilées. On dirait presque qu’elles se rencontrent, qu’elles échangent sur les conditions de leur exil. C’est bien sûr l’art, leur pratique de leur art, qui les unie dans le film. Un film qui, au-delà de la douleur de l’exil, montre l’universalité de l’art.

Un engagement artistique – plutôt qu’un art engagé. Pour chacune de ces femmes, l’art est vivant, parce qu’il est vital.
FIPADOC 2022
