PRÉSENTATION D’UN FILM : Elle s’appelait Sirima de Pascale Thirode.

Elle s’appelait Sirima, 2021, 59 minutes.

Le contexte, la loi, les mots…

Ni le code pénal, ni l’académie ne qualifient le meurtre d’une femme en raison de son sexe, le féminicide n’existe pas selon la loi !   Comment comprendre et endiguer un phénomène quand on n’en dévoile ni le nom, ni la raison ?  Le mot – c’est vrai, commence à être de plus en plus employé mais surtout sur les murs des villes et de manière sauvage, clandestine.

Dans ce film, « elle s’appelait SIRIMA » je souhaite créer un lien entre un féminicide, non qualifié comme tel, commis en 1989, celui de SIRIMA, resté dans l’ombre et le contexte actuel. 

Pourquoi la fin tragique de cette jeune femme ne fait pas l’objet en 1989 d’une émotion à la hauteur de l’événement ? Pourtant, le meurtre de Sirima illustre parfaitement un grand nombre de féminicides, meurtre de femmes parce qu’elles sont des femmes et souvent par leur mari, compagnon, ou ex-mari, ex-conjoint… 

Le contexte actuel, la lutte contre les féminicides, la prise de conscience par l’opinion de l’ampleur de ce grave problème de société, éclairent d’un jour nouveau ce meurtre datant de 30 ans.

Sirima est musicienne, repérée par une star et qui commençait une vie professionnelle prometteuse mais son destin est semblable à celui de toutes ces femmes victimes de leur conjoint dont il ne reste que quelques lignes dans la presse et des lettres placardées sur les murs des villes. Et si sa voix était celle de ces femmes… ?

La voix de Sirima a laissé un souvenir dans l’esprit des passagers du métro Chatelet-Les Halles qui l’ont entendue chanter quand elle y faisait la manche. Par ailleurs sa notoriété est importante, mais son nom a été effacé. Elle est – uniquement très connue du public pour être celle qui accompagne Jean Jacques Goldman  dans sa chanson et son clip « Là-Bas » mais son nom, sa personne, son histoire, et bien sûr son unique album, (A part of me) ont été totalement oubliés.

Le film, à la fois un portrait de cette jeune femme et une enquête, se déroule en une seule nuit, en écho à la nuit du meurtre, rythmé d’une part par les musiques et les paroles des chansons de Sirima qui sont à l’époque autant d’appels au secours entendus de personne et d’autres parts, par les collages sur les murs de Paris qui résonnent fortement avec la vie de Sirima.  Son meurtrier lui a ôté la vie, l’a définitivement faite taire, et tuée dans l’œuf sa renommée future. Aujourd’hui, bizarrement, c’est cette mort-là – un féminicide – qui peut le temps d’un film seulement la faire re-exister et re-connaître post mortem. Il aura fallu sa mort pour qu’elle existe un peu !

Par jean pierre Carrier

Auteur du DICTIONNAIRE DU CINEMA DOCUMENTAIRE éditions Vendémiaire mars 2016. jpcag.carrier@wanadoo.fr 06 40 13 87 83

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