TRANSGENRE- Argentine

Nos corps sont vos champs de bataille. Isabelle Solas, France-Argentine, 2021, 100 minutes.

Argentine, un pays surprenant en ce qui concerne l’évolution des mœurs. D’un côté, comme sans doute la majorité des pays d’Amérique latine, elle reste dominée par le patriarcat, et pas seulement au niveau des mentalités. De l’autre la loi sur « l’identité des genres » votée en 2013 représente une avancée importante sur la question du genre, loin devant les pays européens et la France tout particulièrement.

Le film d’Isabelle Solas nous apporte un éclairage concret et bien documenté sur cette réalité argentine, une vision certes proche des thèses soutenues par les protagonistes – comment faire un film si le la cinéaste est systématiquement à l’opposé de ceux qui sont filmés ? L’expérience Blocher de Jean-Stéphane Bron ou Le vénérable W de Barbet Schroeder montrent cependant que c’est possible, même si ces films restent des exceptions – mais présentée sans sectarisme. Si Nos corps sont vos champs de bataille est bien un film qui prend position, c’est essentiellement parce qu’il montre des luttes et donc des engagements, bien plus que des prises de partis partisanes ou simplement militantes.

Isabelle Solas nous immerge donc dans la communauté trans et travestis argentine, particulièrement active à Buenos Aires, une ville dont le filmage, surtout la nuit, sait nous faire apprécier la beauté. De leur groupe émerge deux femmes – des hommes devenus femmes, qui se vivent comme femme et qui vivent comme des femmes – Claudia et Violeta, deux femmes bien différentes dans leur origine sociale et leur apparence physique, mais qui sont unies par cette même volonté d’affirmer l’identité qu’elles ont choisie, et de lutter contre les discriminations et l’oppression sociales qui les guettent quotidiennement. Deux femmes dynamiques que nous suivons dans différents moments de leur vie intime et de leur engagement politique.

Violetta, travailleuse sociale, intervient dans des formations de femmes (sans doute prises en charge par des actions sociales vue leur situation précaire). Son argumentation claire sur la différence entre l’anatomie et le genre est convaincante, mais se heurte à la croyance naïve selon laquelle on nait homme ou femme, avec un pénis ou un vagin, un point c’est tout.

Avec Violeta et Claudia nous assistons à ces repas entre amis où les débats sont animés. Nous participons à des manifestations, où elles se heurtent parfois à des féministes « pures et dures » qui refusent de les considérer comme des femmes. Nous les suivons dans des boites de nuit où elles font la fête. Et nous rencontrons même l’ex de Violeta avec lequel elle est restée en bon terme.

Un film fait pour promouvoir la culture queer, et son cinéma.

Par jean pierre Carrier

Auteur du DICTIONNAIRE DU CINEMA DOCUMENTAIRE éditions Vendémiaire mars 2016. jpcag.carrier@wanadoo.fr 06 40 13 87 83

Laisser un commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

%d blogueurs aiment cette page :