La faute à mon père. Le scandale de l’abbé Barreau. Chloé Barreau, 2012, 52 minutes.
Faut-il impérativement, lorsqu’un ou une cinéaste consacre un film à ses parents, que ces derniers aient quelque chose de particulier, voire d’exceptionnel, ou du moins de pas banal. Le film de Chloé Barreau semble bien correspondre à cela. Ne les transforme-t-il pas en héros ? Du moins son père, Jean-Claude Barreau.

Jean-Claude Barreau, connu comme jeune prêtre ouvrier s’occupant tout particulièrement des loubards – ceux qu’on appelait à cette époque les Blousons noirs – quitte son sacerdoce pour se marier. Un scandale retentissant.

La faute à mon père se présente comme une enquête. Comment ce couple peu ordinaire s’est-il rencontré. Comment leur famille et la société ont-elles vécu leur mariage ? Comment ont-ils vécu leur amour ? La cinéaste utilise toutes les ressources disponibles. Les archives familiales. Surtout des photos. Des archives médiatiques aussi, dont une célèbre émission – le club de la presse. Barreau y est mis en accusation par quatre journalistes représentant la bonne société et donc les valeurs morales traditionnelles. L’ancien prêtre y est accusé d’avoir créer le scandale et d’utiliser les médias pour mettre en avant sa personne. Mais surtout, il est jugé coupable d’avoir trahi ses engagements. Il est clairement considéré comme un traitre. Mais Jean-Claude sait se défendre. Non seulement il évoque la crise de l’Église catholique mais il fait aussi le procès du célibat. Répondant sans passion mais avec une ferme conviction, il ne peut que sortir vainqueur de cette joute oratoire.

Et puis la cinéaste les filme dialoguant avec elle. Les années ont passé. Les passions se sont éteintes. Du moins pour la famille de ce couple amoureux et de ses deux enfants. Le père et la mère, à tout de rôle, racontent leur histoire. Leur amour surtout. Bien sûr le contraste est frappant avec les images du passé. Mais rien n’a changé de leurs convictions et de leurs sentiments.

Si comme attendu, c’est le père qui occupe le devant de la scène pendant la première moitié du film – en particulier par le récit de ses démêlés avec la hiérarchie ecclésiastique – peu à peu la mère va s’imposer par sa personnalité, évoquant sa vie avec une grande sincérité et une grande lucidité. Une femme forte, qui a su avec courage et ténacité surmonter les épreuves, résister aux critiques de sa famille et aux attaquent de son milieu. Le film montre combien sa fille sait lui en être reconnaissante.
Un film qui, loin des polémiques faciles, est en fait un hymne à l’amour et à la liberté.