Je me suis en premier intéressée au cinéma quand une amie m’a parlé du ‘white noise’, ce son que l’on émet pour meubler le champ sonore muet d’un film, voire d’une pièce, souvent en ‘open space’.
Le deuxième déclic définitif et permanent était de tomber sur un livre mal rangé dans la section avant-garde de la bibliothèque universitaire de l’université du Witwatersrand à Johannesburg intitulé « Direct Cinema », titre dont j’avais fait une lecture avant-gardiste et livre qui s’est ouvert par hasard sur une citation d’un certain dénommé Jean Rouch dont j’ignorais tout et qui disait que ça l’intéressait plus de filmer la réalité telle que suscitée par sa présence (et la présence de sa caméra) que de prétendre pouvoir la filmer telle quelle ; à cette instant ma vie était à jamais orientée et l’unique question qui se pose à partir de ce moment-là était, comment faire récit du réel ? Le réel objectif n’existant pas, il y a regard et responsabilité pour sa manière de voir. Je me suis dit que je voulais travailler avec des gens comme ça. L’exil à Paris a suivi peu de temps après et une première rencontre avec Jean Rouch dans un café a donné lieu à une inscription en doctorat avec lui.
Rina Sherman
Paris, le 5 septembre 2022
Photo : Philippe Ciaparra