BOWIE David

Moonage Daydream. Brett Morgen, 2022, 140 minutes.

Un montage d’archives plutôt inventif ; un portrait qui est un hommage à la création de l’artiste caméléon.

Un film sur une personne disparue ne peut se passer d’archives. Concernant une popstar elles sont foisonnantes et l’enjeu premier est de choisir. Bien sûr le premier critère – souvent le seul – sera leur notoriété. Les inédits seront toujours mis en avant. Mais il est aussi des images, surtout médiatiques, qui ne peuvent être ignorées. Pour Bowie les images de Ziggy, en tant qu’il s’agit de la première phase de sa carrière. D’où leur prédominance dans le film de Morgen. Et la tendance à l’utilisation récurrente. Elles donnent sans doute plus de poids au film que des inédits qu’en dehors des spécialistes, il est bien difficile pour le spectateur moyen de les repérer.

Le premier mérite de ce Moonage Daydream est d’être un film composé uniquement d’archives. C’est dire que le réalisateur a résisté à la tentation toujours présente de faire appel à des interviews actuelles, de proches, d’amis ou de membres la famille de la star ou, ce qui est le cas le plus fréquent, de « spécialistes » du monde de la musique, producteurs ou autres critiques, ou même de chanteurs ou musiciens qui n’ont pas forcément connu celui dont ils parlent. Ici, pas de commentaire, pas de discours élogieux, pas de petites anecdotes savoureuses. Bowie se suffit à lui-même. Bowie et sa musique. D’où la prédominance des extraits de concerts, toujours devant des foules des plus enthousiastes, avec les plans inévitables des visages féminins, jeunes bien sûr, en larmes et au bord de la défaillance. Dans le film de Pannebaker, Ziggy Stardust and the Spiders from Mars (1973), sur le dernier concert à Londres du Bowie-Ziggy, ces images étaient le signe du cinéma direct. Mais reconnaissons que Brett Morgen n’en abuse nullement.

Son choix semble être plutôt de ne montrer que des archives mais en ne le montrant pas comme des archives. D’où les incessants effets de post-production, les jeux de dédoublement de l’image du chanteur, quand ce n’est pas le montage quasiment image par image de toutes les apparences, surtout vestimentaires, dont raffolait la star. Il est vrai qu’un des propos du film est de montrer le renouvellement incessant de la création chez Bowie. Jouer avec ses images est parfaitement en phase avec le sens même de sa carrière.

Si la majorité des archives sont musicales (les concerts et des extraits de clips ou de prestations télévisées) il fallait bien aussi donner la parole au chanteur dans la mesure où le film se veux aussi être un portrait de l’homme. On le retrouve donc sur des plateaux de télés répondant simplement à des questions presque simplistes. La facture du film il est vrai ne laisse guère la place à des longs développements. Mais sans aller dans le sens d’attendre de longs discours plus ou moins théoriques, il faut reconnaître qu’on reste parfois sur sa faim devant la brièveté des propos de Bowie. Néanmoins on ne peut pas dire que le film ne propose pas une approche intime du personnage Bowie et de l’homme derrière le personnage. Mais n’est-ce pas le propre de la star de rester toujours mystérieuse et donc inaccessible.

Par jean pierre Carrier

Auteur du DICTIONNAIRE DU CINEMA DOCUMENTAIRE éditions Vendémiaire mars 2016. jpcag.carrier@wanadoo.fr 06 40 13 87 83

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