DE LA COULEUR DES CORBEAUX

Les Corbeaux sont blancs. Ashen Nadeen. Etats Unis, 2022, 97 minutes.

De quelles couleurs sont les corbeaux ? Drôle de question. Mais, est-on certain qu’ils ne sont pas blancs. Une incertitude qu’il faudrait lever au plus vite tant elle est insoutenable. La question de leur couleur mettant en jeu la possibilité même de la vérité.

Ashen est un menteur. Il, se présente lui-même comme un menteur. Son plus grand mensonge, le secret qu’il tient absolument caché, est un mensonge par omission. Il concerne ses parents. Il ne leur a jamais dit qu’il était marié. Avec une non-musulmane en plus. L’Islam n’accepte pas de tels mariages. Et les parents de Ashen non plus. Surtout sa mère, qui respecte scrupuleusement la loi de sa religion.

Voici donc les données de départ du film. Après plus d’une heure et demie de film, ces données auront-elles changées ? Nous sommes dans un film qui traite de religion et de la famille. Du moins dans ses données les plus évidentes. Mais restent les corbeaux. Et le problème de leur couleur.

Pour essayer de résoudre les contradictions dans lesquelles Ashen est enfermé, il doit bien y avoir dans le monde des personnes, des sages, qui pourraient lui venir en aide. Par exemple, au Japon, des moines bouddhistes. Mais, comme Ashen va en faire rapidement l’expérience, il ne suffit pas de les rencontrer. Ni même de leur poser des questions et de leur exposer le problème.

Et c’est ainsi que le film devient une sorte de comédie en demi-teinte. Ce qui ajoute une nouvelle étiquette au film. Après récit de vie, autobiographie, drame familial, recherche de la vérité, voyage initiatique, aventure en Orient, et bien d’autres sans doute, où l’on parlerait de cordeaux.

Du coup, le film peut-il être considéré comme un documentaire ? Ce n’est peut-être pas une fiction, au sens traditionnel du terme. Mais ce n’est sans doute pas non plus un documentaire, au sens traditionnel du terme. Alors, si c’est un documentaire, on dira qu’il joue avec les codes de la fiction. Et si c’est une fiction, on dira qu’elle essaie de se faire passer pour un documentaire. Résultat : une chatte aurait bien du mal à y retrouver ses petits. Et le critique de cinéma n’a plus qu’à relever le défi des moines bouddhistes ! voir dix films par jour, sans manger, sans boire, sans dormir, pendant neuf jours. Les corbeaux eux-mêmes en changeraient de couleur.

Grand Prix documentaire international, FIPADOC 2023.

Par jean pierre Carrier

Auteur du DICTIONNAIRE DU CINEMA DOCUMENTAIRE éditions Vendémiaire mars 2016. jpcag.carrier@wanadoo.fr 06 40 13 87 83

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