Tout de moi ne disparaitra pas. Une vie de Zuzanna Ginczanka. Johanna Grudzinska, France-Pologne, 2022, 77 minutes.
Un film sur une poète. Sur la poésie donc. Mieux un film-poésie. Qui n’est pas à proprement parler un poème. Mais un film qui fait vivre la poésie. Qui nous la fait savourer. Qui nous la rend vivante. Parce qu’elle fait vivre cette poète polonaise, Zuzanna Ginczanka.

Le film se présente comme une biographie, mais une biographie à l’envers. Elle part de la fin pour remonter à l’origine. La mort de Zazanna donc d’abord, son assassinat par les nazis, parce que juive. Dénoncée comme juive, elle sera fusillée à 27 ans. En pleine jeunesse. En pleine force créatrice.

Comme ce premier élément biographique déterminant, le film est sombre. Comme la Pologne des années de guerre. Beaucoup d’images, filmées de nuit, ne renvoient pas au soleil. Pourtant la poésie de Zuzanna n’a rien de triste ou de pessimiste. Mais elle est encrée dans son époque, dans la rudesse de son présent.

Le film utilise beaucoup d’archives, des photographies en noir et blanc. Mais il filme aussi le présent, les villes polonaises ou ukrainiennes, de Varsovie à Kiev. Il nous donne à voir les manuscrits ou les publications d’époque des textes de Zuzanna. Les présentations des spécialistes sont sobres, se limitant à l’essentiel dans cette vie si courte.

Mais surtout, il nous fait entendre la poésie de Zuzanna. Des textes dit par une actrice, filmée en gros plan. Ou sur une scène de théâtre, des comédiennes. Ou dans la vie quotidienne, des adolescentes. Le portrait de la poète ici repose essentiellement sur ses écrits.


Une biographie qui est un hommage bien sûr. Mais un hommage qui n’en reste pas au passé. Il se termine donc aujourd’hui, dans la Pologne d’aujourd’hui. Dans les manifestations de toute une jeunesse, surtout féminine. Des manifestations pour la liberté, pour la défense des droits des femmes, pour la liberté de l’avortement en particulier. Façon de souligner l’engagement féministe de Zuzanna. Des images de protestation. Des images d’espoir.