Perdre la face – Fiche

Perdre la face. François Zabaleta, 2023, 56 minutes.

Contexte

L’importance du visage dans la constitution de l’image que les autres ont de vous n’est plus à démontrer. Mais qu’il arrive un accident sur votre visage, qu’il présente une quelconque anomalie, même légère, et c’est tout votre monde qui peut s’effondrer. Ne plus pouvoir être regardé en face. Et c’est la face du monde qui est changée.

Enjeu

Perdre la face ici doit d’abord être pris au sens propre, une perte non volontaire bien sûr, qui demande un pouvoir de résilience souvent inaccessible. Mais on ne peut éviter de penser au sens figuré de l’expression retenu dans le titre du film. Perdre la face alors c’est être vaincu, s’avouer vaincu, ne pas pouvoir éviter de perdre, d’être rabaissé, déshonoré, mis à l’écart, abandonné. Perdre la face et faire face (au malheur, au destin) n’est plus possible. L’avenir alors se joue à pile ou face.

Personnage

Un seul personnage, François Zabaleta lui-même, comme dans tous ses films. Des films personnels donc, nécessairement autobiographiques. Un cinéma du je qui met l’image de soi au premier plan. Un face à face avec soi-même. Seul avec soi-même, sous toutes les faces. Et toujours la même voix, monocorde, reconnaissable entre toutes. La voix, l’autre face du visage.

Évaluation.

Finira-t-on par se lasser de l’image et de la voix de François Zabaleta. Devra-t-on dire alors qu’il pousse l’art de la répétition à l’extrême ? Pourtant ici, incontestablement, il se renouvelle. La répétition oui, mais dans la différence. Car ici l’image est particulièrement travaillée, manipulée, traficotée, abimée. L’image de soi devient multiple. Pour être sûr de ne pas révéler sa face cachée. Le cinéma de Zabaleta, l’art de se voiler la face. Mais aussi l’art de nous dire en face ce qu’on ne voudrait pas entendre, de nous mettre face à nos propres contradictions.

Note 81/100.