Cinéaste suisse (né en 1944).
Petit fils d’immigrés italien en Suisse, Dindo est un autodidacte dans la vie , ayant quitté l’école dès 15 ans, comme dans le domaine du cinéma qu’il a « appris » en fréquentant assidûment la cinémathèque française à Paris. Il réalise son premier film en 1970. Depuis il a plus de trente documentaires à son actif.
Kafka, Rimbaud, Genet, Aragon, Gauguin, Guevara, tels sont les « grands hommes» auxquels Dindo a consacré un film. S’agit-il de portrait ? Certainement pas au sens habituel du terme. Encore moins de biopic. Il ne s’agit pas de retracer les étapes d’une vie, même si la dimension biographique n’est pas tout à fait absente. Il s’agit plutôt de pénétrer dans l’originalité d’une personnalité hors du commun. Un écrivain, un artiste, un homme politique dont la vie recèle bien des zones d’ombre. Mais Dindo ne vise pas vraiment à percer le mystère dont ils sont entourés. Ses films ne sont pas des exégèses. Il ne prétend pas percer le secret du génie. S’appuyant sur leurs écrits (les lettres de Kafka et Rimbaud, le journal de Bolivie du Che), il nous propose une descente dans leur intimité. Sans mettre de côté, surtout pas, le plaisir de la lecture.
Dans une autre perspective, Dindo est un observateur perspicace de la réalité suisse. Il s’interroge sur le rôle de ses concitoyens pendant la seconde guerre mondiale, effectuant un travail de mémoire contestant radicalement l’histoire officielle, en particulier dans L’exécution du traître à la patrie Ernst S. (1975) à propos du commerce d’armes avec les nazis ou L’Affaire Grüninger (1997) où il rend un hommage à un « juste », condamné pour avoir aidé des réfugiés juifs. Il dénonce aussi dans plusieurs films la répression policière qui peut s’exercer aussi bien sur les anonymes (Dani, Michi, Renato & Max, 1987) que des mouvements collectifs comme celui des étudiants à Mexico en 1968 (Ni olvido ni perdón, 2003). Tous ces films nous montrent un cinéaste engagé politiquement, ce qui lui valut bien des inimitiés et souleva quelques polémiques retentissantes.
On lui doit des films s’intéressant aux problèmes de santé, une trilogie sur les hôpitaux universitaires de Genève (HUG, 1998), La Maladie de la mémoire (2002) sur des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer et un portrait croisé de trois jeunes femmes d’une vingtaine d’année ayant effectué une tentative de suicide (Trois jeunes femmes (entre la vie et la mort) 2005). Des films plus intimistes, plus proches des réalités quotidiennes, où les rapports entre la vie et la mort sont omniprésents.
Il a reçu Le premier Prix Maître du Réel au festival Visions du réel de Nyon en 2014.
