On doit l’expression à Agnès Varda. Et le concept aussi bien sûr.
Il s’agit de deux films qui ont été conçus ensemble, dans le même geste créatif.
En principe, ils sont réalisés en même temps, sans qu’il y ait un écart temporel important dans leur mise en œuvre. Bref ils sont contemporains l’un de l’autre. Ou doivent l’être.
Mais cela ne veut pas dire qu’ils n’aient pas chacun leur personnalité. S’ils se ressemblent au point parfois de les confondre, cela ne concerne bien souvent que leur apparence extérieure. Mais dès qu’on entre dans leur moi propre, on ne peut découvrir que deux réalités distinctes, qui savent s’affirmer dans leur originalité.
Le problème de la gémellité reste, ici comme toujours, de discerner ce que chacun doit à l’autre. Et de savoir s’ils peuvent être vus – et compris – chacun séparément.
Voici quelques exemples, en commençant bien sûr par l’inventrice du genre.
Comme on le remarquera aisément, certains de ce ces exemples échappent systématiquement aux caractéristiques ci-dessus.
Agnès Varda : Mur murs / Documenteur
Claire Simon : Gare du nord / Géographie humaine
Raymond Depardon : Profil paysan. L’approche / Profil paysan. Le quotidien.
Robin Hunzinger : Le Choix d’Eric / Le recours aux forêts.
Chris Marker : Mémoires pour Simone / La solitude du chanteur de fond
Frederick Wiseman : High school 1 / High school 2
Imamura Shohei : En suivant ces soldats qui ne sont pas revenus 1 Malaisie / 2 Thaïlande.
Comme on le voit, deux films peuvent être jumeaux de bien des manières différentes.
Ils peuvent être une correspondance ou une mise en perspective d’une fiction et d’un documentaire (Varda, Simon) ;
L’un peut être simplement la suite de l’autre (Depardon) ;
Ou une reprise, la même problématique dans un contexte différent (Wiseman, Imamura) ;
Ou pour des raisons de diffusion, un changement de format, moyen métrage et long métrage (Hunzinger et bien d’autres).
