Tziganes

Le temps du voyage. Henri-François Imbert.2023, 86 minutes.

Les Tziganes, enfant, Henri-François Imbert s’intéressait déjà à eux. D’où viennent-ils ? Et pourquoi ont-ils une réputation si négative ? De quoi intriguer un enfant. Le faire rêver aussi peut-être. Rêver de voyages surtout. De liberté aussi, de non-conformisme certainement. Des rêves qui ne disparaissent pas à l’âge adulte.

Comme tous ses films précédents, le Temps du voyage a donc un point de départ personnel. Il se déroule sous la forme d’une enquête, autre marque de fabrique du cinéaste, rebondissant de question en question, avec des tentatives de réponses jamais définitives, jamais catégoriques. Le cinéma d’Imbert n’est pas fait pour donner des leçons.

La première interrogation porte sur l’existence en France de camps de concentration où, pendant la seconde guerre mondiale, les Tziganes sont enfermés, privés de liberté, exclus de la société. Une situation qui perdurera d’ailleurs bien après la fin de la guerre.

Imbert essaie de retrouver des cartes postales de ces camps, puisqu’il en existe des camps où les républicains espagnols avaient été « accueillis » à la fin de la guerre d’Espagne. En vain. Concernant les Tziganes, l’iconographie est plutôt rare… Poursuivant son enquête, Imbert se rend à une visite-conférence du camp de Jargeau où il prendre quelques photos qu’on retrouvera dans le film. Le camp d’Agde occupera aussi une bonne place dans le récit. Un récit en voix off, une voix que l’on connait bien, même si les films du cinéaste sont plutôt rares.

Comme il le fait par exemple dans Sur la plage de Belfast où il se rend en Irlande, Imbert va partir à la rencontre directe de la communauté tzigane. Le film est alors une bonne occasion de se pencher sur ses problèmes spécifiques. Désignés comme nomade -les « gens du voyage » – n’ont pas droit à une carte d’identité, remplacée par un « carnet anthropométrique’ » devant être présenté à la mairie de chaque commune où ils s’arrêtent. Une contrainte insupportable qui finira par être abolie grâce au combat des représentants de la communauté.

Mais il n’est pas possible de filmer les Tziganes sans faire une place importante à la poésie, à leur musique -des guitares surtout – et à leurs danses, souvent proches du flamenco. La dernière séquence di film en particulier est consacrée à la danse éblouissante d’une jeune femme qui nous ferait presque tourner le t^te (au sens propre).

Un film qui, sans en avoir l’air, est une dénonciation du racisme et des discriminations.

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Par jean pierre Carrier

Auteur du DICTIONNAIRE DU CINEMA DOCUMENTAIRE éditions Vendémiaire mars 2016. jpcag.carrier@wanadoo.fr 06 40 13 87 83

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