Une adolescente et deux adolescents.

Et alors ! Anita Volker, 2022, 58 minutes.

L’adolescence vue à travers le cas de deux adolescents et d’une adolescente.

Un film Choral, donc, un bon exemple de ce que ce choix de type de construction représente, de son intérêt et de ses difficultés

Étant éclaté, le portrait de chaque protagoniste est parfois un peu difficile à suivre. On passe de l’un à l’autre sans transition, sans ponctuation visuelle. Il faut le reconnaître, au début, on est un peu perdu. Certes, la différence des voix (le film utilise systématiquement la voix off) sert de point de repère. Mais les personnages ne sont pas vraiment identifiés. On ne dispose pas de leurs prénoms ou d’autres éléments d’identité. Le film propose plus une approche de l’adolescence en général que de portraits de trois individualités. Du coup, on insiste plus sur les points communs que sur les différences et les spécificités.

Le film Choral est une forme particulièrement exigeante pour le spectateur. Celui-ci doit être toujours en alerte pour repérer les passages d’un protagoniste à l’autre, et il est indispensable de mémoriser chaque trait. Bref, les films choral sont des films qui revendiquent leur dimension cinématographique, ils ne sont pas faits pour la télévision, quand on sait qu’un grand nombre de téléspectateurs ont tendance à s’endormir sur leur canapé.

Les 3 protagonistes de Et alors ! ont certainement été choisis en fonction d’une particularité, particularité physique commune. Ils sont tous les trois affectés d’une malformation du visage, un trait uniquement visuel. On n’en parle jamais. Peut-il être purement et simplement laissé de côté, surtout pour la jeune fille alors que l’apparence physique est souvent déterminante dans la représentation de soi, et de son acceptation, à l’adolescence ? Il y a bien dans le film une image – une très belle image – de la jeune fille devant son miroir, mais elle est réalisée en contre-jour. Les détails du visage ne sont pas perceptibles.

Quelles sont les caractéristiques qui constituent cette adolescence qui arrive ou va arriver à la majorité légale et qui ne peut pas ne pas se poser la question de leur avenir ? Ces caractéristiques sont nombreuses, ce qui fait la richesse du film, mais elles s’inscrivent clairement dans la représentation la plus courante de cette époque de la vie. Le film a un petit côté banal, il ne recherche pas l’originalité. Le film est situé dans un contexte rural. Les trois adolescents ont terminé lors scolarité et on n’en parle plus. Ils ne peuvent pas d’ailleurs être qualifiés d’intellectuels, ne parlant jamais ni de cinéma, ni encore moins de littérature.

La passion la plus explicite de l’un d’eux est la mécanique, surtout pour les motos. Sans surprise ils renvoient souvent à leurs « potes ». La vie sociale étant bien sûr fondamentale. S’ils s’interrogent sur leur avenir, ce n’est pas uniquement dans une dimension professionnelle. La relation de couple compte au moins autant. Fonder une famille ou rester « célib », voilà la grande question. Même s’ils ont plutôt tendance à minimiser cet enjeu.

Le film se termine par une magnifique séquence visuelle, réalisée en partie sous l’eau, de la jeune fille nageant dans la mer, Une belle illustration de la force vitale de l’adolescence.

 Et alors ! nous entraîne loin des villes et des banlieues, une jeunesse qu’on a un peu tendance à ne pas prendre en compte au cinéma, même si des films de fiction récents s’efforcent de réparer cet oubli.

Une jeunesse sans conflits sociaux et sans problèmes existentiels. Un film optimiste en somme.

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Par jean pierre Carrier

Auteur du DICTIONNAIRE DU CINEMA DOCUMENTAIRE éditions Vendémiaire mars 2016. jpcag.carrier@wanadoo.fr 06 40 13 87 83

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