Gaza bombardée.

Put your soul on your hand and run. Sepideh Farsi, France, Palestine, Iran, 2025, 112 minutes.

 Cinéaste iranienne exilée à Paris. Sepideh Farsi peut être considéré comme le modèle de cinéaste engagée. Elle a réalisé à ce jour une dizaine de documentaires portant sur la situation politique en Afghanistan, en Iran, en Grèce. Situations souvent marquées par la condition d’exilée. (voir son abécédaire https://dicodoc.blog/2025/05/28/sepideh-farsi-abecedaire )

Son dernier film en date, Put your soul on your hand and run, concerne Gaza. Gaza où elle ne peut rester indifférente au massacre perpétré contre les Palestiniens, hommes, femmes et enfants.

 Ne pouvant se rendre à Gaza du fait du blocus imposé par l’armée israélienne, Sepideh Farsi va utiliser les moyens modernes de communication, la visio à partir d’un téléphone portable, pour avoir un regard direct et concret sur le vécu de ces prisonniers de la guerre qui n’ont aucun moyen d’échapper aux bombes qui détruisent les immeubles de leur quartier et tuent leur proches, voisins et famille.

 Le film prend donc son point de départ et trouve sa substance tout au long de ces presque deux heures de durée, dans la rencontre avec une jeune femme. Fatma Assona photographe de son État et qui s’efforce, malgré des conditions de vie et de travail particulièrement périlleuses, de documenter cette guerre destructrice, et aussi, sa propre vie sous les bombes et dans les ruines de plus en plus importantes.

Une jeune femme dont on ne peut qu’admirer le courage et dont le sourire éclatant, surtout au début du film est une vraie leçon de vie. Pourtant, la dimension mortifère de la guerre se fera de plus en plus ressentir tout au long du film. Jusqu’au panneau final annonçant que Fatma et toute sa famille a été tuée par une frappe israélienne la visant spécialement. Comme tous les journalistes, photographes et reporters.

 La cinéaste iranienne se sent alors investie de cette mission de perpétrer la mémoire de celle qui est devenue son amie, à travers ces images de plus en plus dégradées par les mauvaises conditions de connexion Internet. En même temps, elle se doit de dénoncer le côté aveugle et de plus en plus inhumain de cette guerre qui vise de plus en plus explicitement l’anéantissement du peuple palestinien et la destruction totale de Gaza.

Son film est un montage extrêmement précis des conversations en direct, avec ses coupures de connexion et les difficultés rencontrées systématiquement pour la rétablir ou même simplement l’établir. Images au format du téléphone qui alternent avec les photos envoyées par Fatma, des photos d’une qualité stupéfiante montrant la destruction de Gaza et la survie en particulier des enfants au milieu des ruines. À cela Farsi ajoute quelques images d’informations télévisées. Façon d’impliquer davantage ceux qui ne peuvent qu’assister de loin à cette guerre dans laquelle il est non seulement urgence de s’impliquer, mais aussi d’agir de façon militante.

Put your soul on your hand and run est donc un film dont on ne sort pas indemne, un film qui ne cherche pas à faire de la guerre un spectacle, mais qui fait que le bruit des bombes qui explose tout près de nous reste à jamais inscrit dans notre âme.

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Par jean pierre Carrier

Auteur du DICTIONNAIRE DU CINEMA DOCUMENTAIRE éditions Vendémiaire mars 2016. jpcag.carrier@wanadoo.fr 06 40 13 87 83

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