Quand WIP est-il né ? Dans quelles circonstances ?
Wip est né en 1981, par la volonté de ses administrateurs de l’époque, et fondateurs, de donner une structure juridique solide à leur atelier de vidéo d’intervention sociale, baptisé « La fleur maigre », du nom du film de Paul Meyer. Jusque là c’était une association de fait ; afin de pouvoir gérer des budgets conséquents et de prétendre à des aides publiques, il fallait une vraie assise juridique.
Quels sont vos objectifs et vos principales activités ?
Soutenir à tous les stades la création documentaire indépendante de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Aide en cash à l’écriture/développement, aide à la production, aide à la finition, soutien en service à la post-production, à la promotion, conservation du patrimoine.
De quels moyens financiers disposez-vous ?
Budget annuel d’un peu plus de 400.000 €, essentiellement fournis par une subvention récurrente du Ministère de la FWB ayant en charge l’audiovisuel et par des aides régionales APE (Aide à la promotion de l’emploi).

Comment choisissez-vous les films qui sont à votre catalogue ?
Pour les films non terminés (la majorité) une commission de professionnels se réunit trois fois l’an pour décider des quels projets seront soutenus, qu’il s’agisse d’aide à l’écriture, à la production, à la finition. Pour les films dont on ne prend en charge que les ventes, un comité de cinq membre visionne, et, avec l’avis du vendeur, décide ou non de les intégrer. Notre premier critère de choix est l’originalité, la qualité artistique du projet. Vient ensuite le potentiel de diffusion, et la solidité du partenaire de coproduction. Nous essayons d’abord de privilégier des films fragiles, des premiers films, ou des films qui permettent à un auteur de poursuivre une œuvre singulière.
Y a-t-il des thèmes – ou des sujets – qui vous semblent plus particulièrement porteur dans le domaine du cinéma documentaire ?
Tous les sujets liés à l’actualité, car ils sont exploitables par le réseau associatif, le pédagogique, voire les télévisions : migration, égalité homme femme, transition écologique, interculturalité…

Comment définissez-vous le « documentaire de création » ?
Il s’agit de films portant un regard singulier et pertinent sur le réel, avec une subjectivité assumée (le point de vue documenté cher à Henry Storck). Pour nous, le documentaire n’est pas du reportage, c’est une forme de cinéma qui prend les armes de la construction narrative et de l’esthétique du septième art pour poser de bonnes questions sur la société dans laquelle nous vivons..
Comment voyez-vous la situation du cinéma documentaire en Belgique aujourd’hui ? Quelles en sont les spécificités par rapport à la France ou au reste de l’Europe ?
En Belgique, la créativité est au rendez-vous, la singularité des regards aussi et, depuis quelques années, le documentaire attire à nouveau de très jeunes cinéastes. En revanche, il y a un déficit de structures de production (le documentaire rapporte peu) et peu de fenêtres de diffusion. Au récent Festival de Lussas, les films de la section phare, « Expérience du regard », était à plus de 30% belges. En Belgique, les aides accordées par les pouvoirs publics, et même la RTBF, laissent une certaine liberté, ce qui explique la singularité des regards. Les dispositifs des ateliers (production, accueil, école) permet aussi un encadrement expérimenté et disponible pour les auteurs.

Y a-t-il des cinéastes que vous souhaiteriez mettre plus particulièrement en évidence ?
… au risque d’en oublier. Pour moi, il faut parler de Jawad Rhalib, dont « Au temps où les arabes dansaient » fait le tour du monde, de jeunes cinéastes filles comme Eve Duchemin, Elodie Lelu, Pauline Beugnies, Rosine Mbakam dont les premiers films font le tour du monde, de vétérans toujours très actifs, comme Thierry Michel, Bénédicte Liénard, Mary Jimenez, ou d’auteurs hors circuit qui continuent un travail très personnel exigeant comme Pierre-Yves Vandeweerd, Boris Vander Avoort. C’est riche et diversifié.
WIP : https://www.wip.be/
Personne de contact: Noémie Daras n.daras@wip.be