B COMME BERGER – Pays-Bas

No way. Ton van Zantvoort, Pays-Bas, 2018, 81 minutes.

Un berger aux Pays-Bas. Surprenant à première vue. Un pays sans montagne ; sans pâturage d’altitude. Où donc les moutons peuvent-ils brouter ? En fait, les troupeaux vivent dans la lande. Ou à proximité des villes. Une vie – une survie plutôt – qui n’est pas toujours facile.

Berger, un métier qui n’a rien de facile, malgré les images de quiétude qui lui sont souvent accrochées. Un métier qui demande beaucoup de patience et de savoir-faire, ce qui ne s’improvise pas. Le film nous montre la tonte (toute une technique), l’apprentissage de la tétée pour les agneaux et la nourriture au biberon. Et puis aux Pays-Bas, il faut sans cesse déplacer le troupeau pour trouver des espaces où les moutons pourront brouter. Ce qui occasionne quelques conflits avec les habitants des bourgs traversés. Devenir berger citadin, vraiment cela ne va pas de soi.

Un berger héros de cinéma ? Pourquoi pas. Le film de Ton van Zantvoort nous propose un portrait d’un des derniers bergers des Pays-Bas, Stijn. Un homme calme, posé, filmé souvent dans la lande, avec son troupeau en arrière-plan, travaillant en parfaite bonne entente avec ses chiens.  Ou bien dans sa famille, avec femme et enfants, dans une intimité qui n’a rien que de très banale. Et pourtant. Un portrait tout en sympathie bien sûr. Mais qui prend du sens bien au-delà du cas particulier d’un berger vivant aux Pays-Bas.

No Way est d’abord un film hommage à un mode de vie particulier, une vie dans la nature, en contact avec la nature, en relation étroite avec la nature. Une vie parfaitement libre. Mais un mode de vie qui devient de plus en plus opposé au monde contemporain, de plus en plus contradictoire avec la vie citadine. Et qui donc tend à disparaître.

Le film devient ainsi très vite un film de combat. Un film de soutien à Stijn aux prises avec les contraintes et les difficultés qui l’assaillent de toute part. Mais plus largement, un film de défense des traditions anciennes et des métiers du passé qui devraient garder une place dans le monde moderne. Un combat contre les lois du marché et la recherche effrénée du profit maximum. Contre le système, tout simplement.

N’est-ce pas un combat perdu d’avance, tant les forces en présence sont disproportionnées ? Ce que demande Stijn, c’est de pouvoir continuer à exercer son métier, avoir les moyens de pouvoir nourrir son troupeau. Pouvait-il réussir ? La fin du film ne nous laisse pas croire au miracle.

Par jean pierre Carrier

Auteur du DICTIONNAIRE DU CINEMA DOCUMENTAIRE éditions Vendémiaire mars 2016. jpcag.carrier@wanadoo.fr 06 40 13 87 83

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