Autonomes. François Bégaudeau, 2020, 110 minutes.
Il vit dans une grotte, sans eau et sans électricité. Il se nourrit des produits de la chasse, ou du braconnage et il n’hésite pas une seconde à se procurer une poule dans un élevage. La propriété c’est le vol, n’est-ce pas ?

Il fait partie de la galerie de portraits – des mini portraits en fait – que nous propose François Bigaudeau dans Autonomes. Des rencontres avec des marginaux, pas tous clochardisés pour autant. Des jeunes le plus souvent, qui vivent – ou pour certains survivent – en marge de la société, en dehors – ou presque – du système, ou recréant un autre système basé sur l’entraide et les échanges, la solidarité et une certaine forme de fraternité, loin des villes et des contraintes du travail imposé. Ils vivent comme ils en ont envie, suivant leurs désirs. Est-ce cela la liberté ?

Le film accumule donc les présentations, plus ou moins rapides, de ces personnages, plus ou moins originaux, certains surprenants (les sourciers ou les sœurs de la communauté religieuse), d’autre plus conventionnels ou du moins qu’on rencontre plus fréquemment dans les films consacrés aux marges de la société (les agriculteurs bio ou les membres du café solidaire). Un film quelque peu bric-à-brac, un peu fourre-tout, avec comme fil rouge (c’est lui qu’on voit le plus souvent) le voleur de poule, qui se révèle être un ancien informaticien.

On peut trouver tout un système d’oppositions qui sous-tendent la progression du film : les sérieux / les loufoques : les rationnels / les mystiques ; les individualistes / les collectifs et bien d’autres sans doute. Mais dans aucun des cas, le cinéaste ne nous propose de définition de l’autonomie. Certains sont interviewés et présentent donc le sens de leur démarche. Mais leurs propos restent souvent anecdotiques. On sent bien que le cinéaste ne les pousse pas vraiment vers la théorisation. Du coup on a plutôt affaire à une recherche d’un mode de vie plus ou moins nouveau, en accord du moins avec des aspirations personnelles, la quête d’une forme d’indépendance, spirituelle pour certains, matérielles pour d’autres. Mais une quête qui n’aboutit pas vraiment, qui doit toujours être remise en chantier. Même les religieuses peuvent souffrir de surmenage dans leur travail de fabrication de bougies !
Et puis, vraiment, le titre du film n’est pas très bien choisi.