A COMME AMAZONIE – Barrage.

Le reflet du lac. Fernando Segtowick, Brésil, 2020, 80 minutes.

De l’eau, beaucoup d’eau. Des bateaux, beaucoup de bateaux. De simples barques ou de petites embarcations à moteur. Idéales pour transporter du matériel ou quelques voyageurs. Dès la nuit, ils circulent sur les eaux du lac.

De vastes étendues d’eau. Filmée au raz de la surface ou bien en plongée vue du ciel pour dominer l’immensité de l’espace. Et des arbres. Ou ce qu’il en reste. Des souches ; inondées. Ou des troncs morts qui émergent de l’eau. Des noyers du Brésil. Une espèce en voie de disparition. Est-il possible d’en filmer un intact ?

Nous sommes au pied du barrage de Tucuriu, dans l’Amazonie brésilienne. Une région de production d’aluminium. Une production très gourmande en énergie. D’où la construction d’une centrale hydroélectrique (une des plus grande du monde) et du barrage qui lui fournie son eau. Un lac artificiel donc qui a noyée la région mais dans lequel la vie continue sur ses îles. Il n’empêche, il a bouleversé la vie des habitants.

La première partie du film nous entraine sur le lac à la suite d’une équipe de cinéastes – des documentaristes – venue tourner un film sur la région. Ils réalisent quelques entretiens, pas toujours très réussis d’ailleurs tant les habitants du coin sont peu bavards. Pour renforcer cette dimension de film dans le film, le réalisateur nous offre quelques images d’archives, du temps où le lac n’existait pas et où le ramassage des noix du brésil était un travail spécialisé. Les allers et venues des cinéastes – embarquer et débarquer le matériel-   sur le lac laissent à penser que le cinéma n’est pas toujours une partie de plaisir. D’ailleurs le film abandonne assez vite cette dimension pour proposer une immersion dans la communauté des habitants de Tucuriu avec les moments caractéristiques de leur vie, l’assemblée religieuse ou la soirée au bar où l’on chante et on danse. Le tout filmé « en douceur », pour respecter le rythme des bateaux sur le lac.

Le film est en noir et blanc, ce qui permet des recherches plastiques souvent très réussies, utilisant beaucoup les contre-jours et les reflets à la surface du lac (cf le titre du film). Toute une séquence s’arrête sur les arbres morts, filmés en contre-plongées, véritables statues racontant leur mort venue des eaux.

La dernière séquence montre la forêt en feu, ce qui nous rappelle que l’Amazonie est aujourd’hui de plus en plus maltraitée et mise en péril par des entreprises humaines peu soucieuses – c’est le moins que l’on puisse dire – de l’avenir de la planète.

Festival Jean Rouch 2020. 39° édition en ligne.

Par jean pierre Carrier

Auteur du DICTIONNAIRE DU CINEMA DOCUMENTAIRE éditions Vendémiaire mars 2016. jpcag.carrier@wanadoo.fr 06 40 13 87 83

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