S COMME SOLITAIRE Révolté.

A Shape of Things to Come. Lisa Marie Malloy – J.P. Sniadecki, États-Unis 2020, 83 minutes.

Un homme seul dans un paysage désertique. Il chasse, il cultive des courgettes et élève des cochons. Il vit seul avec ses chats et son fusil. Au contact de la nature, des animaux de la nature, des oiseaux de passage et des crapauds dont le venin séché deviendra la drogue qui lui fera voir le monde autrement.

Un film sur la solitude donc ? Apparemment.

Le plus souvent, notre homme – Sundog – est seul à l’image. Marginal et quelque peu excentrique, il se révèlera en rupture avec la société en ce qu’elle a d’envahissante dans son espace de vie. Il vaque à des occupations habituelles et banales, la chasse, la cueillette des légumes et des baies, un bain. Et ainsi de suite. Il parle peu sauf avec ses chats. Le reste du temps il émet des sons qui finissent par devenir musique. Une ou deux fois, il répond au téléphone. Un long – c’est relatif – discours.  Une vraie profession de foi vis-à-vis des risques encourus par notre planète. De quoi soulever un vent de révolte.

Un film sur la solitude ? Pas vraiment.

D’abord parce qu’il y a deux ou trois séquences « sociales ». La première dans une librairie où Sundog se ravitaille en lecture. La deuxième dans un bar où un groupe de rock donne un concert. Il se met alors à danser avec les autres. Et puis ce désert est habité. Dès le début du film on entend des avions de chasse, et on les apercevra au détour d’un plan. Puis il y ce long serpent – très long serpent – qui passe et repasse dans le cadre. Et tous ces chants d’oiseaux ou d’insectes. Et surtout tous ces sifflements émis par ces grandes antennes qui défigurent le paysage. Une bande son particulièrement travaillée.

Si le son tient une grande place dans le film, il n’en resta pas moins que ce sont les images qui en occupent la première. Des images qui ont une grande force expressive avec cette profusion de gros plans sur le visage et la barbe de Sundog et sur les herbes sauvages.

Le film se termine d’ailleurs sur une féérie d’images psychédéliques, celles que le venin de crapaud suscite dans la tête de Sundog. De quoi lui faire oublier les misères du monde.

 Festival Jean Rouch, 2020, en ligne.

Par jean pierre Carrier

Auteur du DICTIONNAIRE DU CINEMA DOCUMENTAIRE éditions Vendémiaire mars 2016. jpcag.carrier@wanadoo.fr 06 40 13 87 83

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