F COMME FLEUVE – Brésil

Rio de vozes. Andréa Santana et Jean-Pierre Duret, Brésil, 2020.

Le fleuve c’est le Rio São Francisco, dans le Sertão Brésilien, une région connue pour son aridité, son manque d’eau, une désertification galopante, accrue par la déforestation et les cultures intensives. Alors le fleuve, c’est la vie, une vie à laquelle s’accroche toute une population, prête à se battre pour ne pas mourir.

De Andréa Santana et Jean-Pierre Duret nous ne pouvons oublier cette trilogie brésilienne qui nous avait conduit du Nordeste jusqu’à Sao Paulo, où les immigrés du nord essaient de survivre dans les rues de la Mégalopole (Romances de terre et d’eau, 2001 ; Rêves de Sao Paulo, 2004). Nous avions enfin regardé survivre des adolescents dans une station-service au bord d’une grande route (Puisque nous sommes nés, 2008.) Ils étaient retournés en France le temps d’un film sur la précarité dans la banlieue lyonnaise et l’entraide qui lui répond (Se battre, 2013). Ils sont aujourd’hui de retour dans ce Brésil dont la situation politique actuelle ne pousse pas vraiment à l’optimisme, pour un nouveau film au fort parfum de nostalgie mais qui est aussi une ode à la vie, une vie simple sur le fleuve, une vie qui doit tout au fleuve. Tant que le fleuve n’est pas totalement asséché.

La vie du fleuve, c’est le poisson. Même s’il devient de plus en plus rare. Les pêches ne sont plus miraculeuses. Souvent, après toute une journée passée sur le fleuve, le pêcheur ramène tout juste de quoi nourrir sa famille. Mais les pêcheurs ici, et les pêcheuses, sont des passionné.e.s. Aucun.e n’imagine une autre vie, un autre métier.

Le film commence par la fabrication d’une barque et sa première mise à l’eau. Des barques qui seront omniprésentes dans les images, comme les vues du fleuve et de ses berges. Aux grandes étendues d’eau succèdent la vision de la terre de plus en plus désertique. Une évolution qui semble irréversible.

Malgré les incertitudes qui pèsent sur l’avenir, les habitants du fleuve que rencontrent les cinéastes ne se laissent pas aller au désespoir. Ils commencent plutôt à s’organiser collectivement, par exemple en entreprenant des cultures maraichères. Les jeunes finissent par retrouver foi en l’avenir.

Comme les précédents films du duo Santana-Duret, ces Voix du fleuve sont un film profondément humaniste. On y retrouve ce même amour profond pour un pays, une terre, et ces habitants si profondément attachés à leur fleuve. Dans le contexte actuel du Brésil ce film a une valeur inestimable.

Festival Filmer le travail, Poitiers 2021.

Par jean pierre Carrier

Auteur du DICTIONNAIRE DU CINEMA DOCUMENTAIRE éditions Vendémiaire mars 2016. jpcag.carrier@wanadoo.fr 06 40 13 87 83

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