Babooska. Tizza Covi, Rainer Frimmel, Italie, 2005, 100 minutes
Le film s’ouvre sur le gâteau d’anniversaire, 20 ans, de Babooska et se ferme sur celui de ses 21 ans. Il couvre donc un an de la vie de la jeune fille et des membres de sa famille avec qui elle vit. Père, mère et sœurs qui travaillent tous dans le petit cirque itinérant qui parcourt l’Italie à la recherche de spectateurs. Ce qui n’est pas toujours facile.

C’est Babooska qui dirige cette petite entreprise. C’est elle qui décide des itinéraires, qui contacte les autorités pour décider d’un lieu pour installer le chapiteau, qui définit les numéros du spectacle et leur ordre de succession. Il lui faut d’ailleurs faire face à bien des changements, la blessure de la mère ou le départ de la grande sœur qui quitte le cirque pour se marier. A chaque fois, c’est elle qui doit faire face à la situation.

Le film ne nous montre pas vraiment le spectacle du cirque des Gerardi, la famille de Babooska. La caméra reste plutôt en coulisse et nous n’apercevons la scène que dans une brève séquence, entre deux rideaux. Pourtant, il s’achève sur le numéro de hula hoop exécuté par une Babooska tout sourire, comme il se doit. On devine les spectateurs, mais on ne les voit pas. Un hommage au dévouement de la jeune fille.

Sa vie, et celle de sa famille, est tout entière consacrée au cirque. Nous suivons les innombrables déplacements en voiture. Nous traversons des paysages enneigés, nous longeons la côte et les ports de plaisance, nous parcourons les rues désertes de petites villes. L’annonce du spectacle de l’après-midi et du soir (personne n’aura froid puisqu’il y a un chauffage moderne) se répète dans le vide. Il y aurait de quoi désespérer. Mais, non, Babooska ne se laisser jamais décourager.

En dehors des plans de cette itinérance en voiture, le film multiplie les séquences de repas à l’intérieur de la caravane. Des moments où la famille se retrouve et qui rendent compte de son quotidien. Seul moment où Babooska trouve une certaine indépendance, le bal où elle se rend un soir. Dans la salle et sur la piste de danse, il n’y a que des personnes d’un certain âge. Rien dans le film n’évoque la jeunesse et les 20 ans de l’héroïne.

A travers les déplacements du cirque de Babooska, c’est le portrait d’une certaine Italie qui nous est proposé. Une Italie rurale, marginale, où l’on est bien loin des grands problèmes nationaux. Il n’est jamais question de politique. Explicitement du moins. Car ce portrait du pays est politique de part en part.
Cycle Pasolini, Pasoliniennes, Pasoliniens – Cinémathèque du documentaire.