L COMME LESBIENNE

Dieu merci, je suis lesbienne. Laurie Colbert et Dominique Cardona, 1992, 55 minutes.

Paroles de femmes. Mais pas n’importe quelles femmes. Elles s’affirment lesbiennes. Elles se revendiquent lesbiennes. Ce qui n’est pas une étiquette. Mais leur raison de vivre. Leur être même.

Des paroles directes, sincères, sans langue de bois. Sans faux-fuyant non plus. Des paroles réjouissantes tant on sent ces femmes libres – libérées. Et si heureuses. Même les plus âgées. Celles qui ont connu ces temps difficiles où le simple mot, lesbienne, pouvait résonner comme une insulte chargée de mépris. Toutes n’ont pas eu la chance de ne pas connaître le placard.

Des femmes de plusieurs âges donc. Même s’il n’y a pas parmi les interviewées de très jeunes filles. Des femmes de plusieurs pays d’origine, même s’il n’y a pas d’africaine ni d’asiatique. Mais leur propos n’en est pas moins pour autant universel. Concernant le sens de l’existence, au-delà des différences sociales et culturelles.

Toutes racontent tout simplement la découverte de leur homosexualité. Leur acceptation de ce qui de toute façon est une évidence. Car au fond, lesbienne, ne l’ont-elles pas toujours été ? Au moment où elles parlent – plusieurs rayonnantes de bonheur quand d’autres sont plus réservées, moins démonstratives – elles ont toutes la certitude qu’il ne pouvait pas en être autrement. Ce qui n’est donc pas une question de choix, mais une réalité existentielle.

Elles abordent, sur demande des réalisatrices, les questions qui ne pouvaient pas ne pas figurer dans un tel film. La bisexualité par exemple, qu’elles rejettent en blog. Ou le sadomasochisme, qu’elles refusent tout autant spontanément. Quant au féminisme, elles le pratiquent concrètement. Lesbiennes et féministes, un seul et même mode de vie.

Datant de 1992, ce film pourrait sembler à priori un peu vieillot. Il n’en est rien. Les réalités abordées n’ont rien perdues de leur actualité. Et les images d’archives, les manifestations et autres parades LGBT, qui ponctuent le film font toujours partie de notre présent. Si le lesbianisme reste encore pour certaines femmes un combat, ce film sera pour elles un réconfort et un encouragement. Car elles ne pourront pas ne pas se dire : j’ai même rencontré des lesbiennes heureuses.

Par jean pierre Carrier

Auteur du DICTIONNAIRE DU CINEMA DOCUMENTAIRE éditions Vendémiaire mars 2016. jpcag.carrier@wanadoo.fr 06 40 13 87 83

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