S COMME SEXUALITE FEMININE

Mon nom est clitoris. Lisa Billuart-Monet, Daphné Leblond, France-Belgique, 2019, 88 minutes.

Les femmes connaissent-elles leur sexe, et en particulier leur Clitoris. Lisa Billuart-Monet et Daphné Leblond ont demandé, dans l’incipit de leur film Mon nom est clitoris, à de jeunes femmes d’une vingtaine d’année, de dessiner cet organe féminin qui est le seul à être entièrement et exclusivement destiné au plaisir. Le résultat de l’expérience est concluant. Le clitoris est bien un continent inconnu.

Le film donne la parole à une douzaine de jeunes femmes de 20 à 25 ans pour parler de leur sexualité. Et elles le font avec un brio remarquable.

On imagine que le choix de ces personnages n’a pas été si facile que cela. Parler de sexe devant une caméra n’est de toute évidence pas facile. En parler dans la société non plus d’ailleurs. Mais le casting est particulièrement réussi. On a affaire à de jeunes femmes qui s’expriment avec une spontanéité désarmante. Pour elles pas de langue de bois et elles n’hésitent pas à appeler un chat un chat. Elles sont visiblement décomplexées et vivent certainement une vie sexuelle libre et épanouie. Ce qui pourtant n’a pas été forcément le cas dans leur enfance. Comme bien d’autres elles ont connu les tabous sociaux qui enveloppaient – et enveloppe encore aujourd’hui pour beaucoup – tout ce qui concerne la sexualité. Que le sexe peut procurer du plaisir, grâce d’ailleurs à cet organe pas plus gros qu’un petit pois (comme il est si souvent représenté), il leur a fallu le découvrir par elles-mêmes, par un pur hasard souvent.

De ces récits de leur enfance, et jusqu’à l’adolescence, on retiendra la précocité de certaines, mais l’ignorance, plus ou moins longue, de toutes. L’école a bien des cours d’éducation sexuelle, mais il ne s’agit le plus souvent que de données anatomiques. Dont d’ailleurs le clitoris est totalement absent. Comme dans les manuels ou autres albums pédagogiques où les schémas informatifs ne le mentionnent que très rarement.

Au fil de ces dialogues, sont abordés tous les aspects de la vie sexuelle féminine : les règles, la masturbation, la virginité, la première fois, l’orgasme. La séquence consacrée à ce dernier thème, où elles essaient de rendre compte par les mots et des gestes de ce qu’elles ressentent est particulièrement réussie. Elle devrait être montrée à tous les adolescents, pour qu’ils soient moins ignorants de ce qui fait la féminité.

Sans être ouvertement militant côté féminisme, le film est clairement engagé en faveur de la libération des femmes vis-à-vis d’un patriarcat qui reste certainement encore dominant dans notre société. La joie de vivre – et de jouir – de ces jeunes femmes est particulièrement réconfortant, à l’époque de #metoo – dont d’ailleurs il n’est pas fait mention. Comme quoi la parole sincère peut être une arme tout aussi efficace que bien des manifestations.

Par jean pierre Carrier

Auteur du DICTIONNAIRE DU CINEMA DOCUMENTAIRE éditions Vendémiaire mars 2016. jpcag.carrier@wanadoo.fr 06 40 13 87 83

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